Pendant les grandes vacances, nous nous réunissons toujours en famille autour des grands parents. C’est l’occasion de faire de belles retrouvailles familiales… sur le papier. Nous sommes toujours joyeux de tous nous retrouver en famille et pourtant à chaque fois : patatras ! Les petits défauts de ma belle-sœur ou de ma mère me mettent en tension. Il y a toujours un imprévu qui vient écorcher ce beau tableau de famille jusqu’à faire remonter des vieilles rancœurs et noircir la fin du séjour.
Et là ça me chicote : Pourquoi faut-il que tout remonte à la surface alors que nous sommes devenus adultes et que nous menons chacun nos vies ? Que se joue-t-il dans ces moments familiaux et comment faire pour ne pas nous laisser emporter par nos émotions ?
Comment nous idéalisons nos retrouvailles familiales
Quand nous imaginons les vacances, il y a comme un rêve qui s’installe dans notre tête. L’ambiance va être harmonieuse, les rires à l’apéro, les cousins vont se retrouver et jouer ensemble. En quelque sorte, Nous imaginons un moment suspendu dans le temps, léger, joyeux et détendant !
Viennent enfin les vacances, chacun arrive plein de bonne volonté et… aussi avec ses propres limites, sa propre histoire, ses soucis, sa fatigue…
Une fois que tout le monde s’est redécouvert, des petites pointes d’agacement commencent à faire surface. On se surprend à penser que la belle-sœur prend vraiment beaucoup de place dans les conversations. Le petit cousin n’a pas toujours une bonne influence sur mes enfants. Les ados chahutent jusqu’à pas d’heure. Et les petits levés aux aurores ! Ou bien encore les parents qui ont cette fâcheuse tendance à mettre plus en valeur tel ou tel gendre que mon mari.
Ça y est, après avoir passé l’instant magique des retrouvailles en famille… C’est un peu comme si tous les masques de fête tombaient pour laisser place à la réalité.
Et là, c’est la place à la déception. Vous savez, cet écart entre la réalité et ce dont on avait imaginé. Et il n’est pas rare au fur et à mesure des heures que la tension intérieure monte. Les pointes d’agacement laissent place à l’irritation et le petit défaut des uns et des autres se transforme en gros point noir. Et là, sans vraiment comprendre pourquoi ou au détour d’une conversation anodine, des disputes éclatent et de vieux dossiers ressurgissent à coup de : « De toute façon, tu as toujours donné plus d’importance à untel… ou … Et puis vous vous occupez tout le temps des mêmes petits enfants »…. Ou bien encore… « Tu restes toujours vissé sur ta chaise depuis que tu es petit, tu ne rends jamais service… ». A ce moment précis, les retrouvailles familiales qui avaient été pourtant rêvées, préparées voire idéalisées se transforment en tension.
Il est risqué de rêver nos relations avec notre famille
Le psychanalyste et pédopsychiatre Patrick Ben Soussan, auteur de De l’art d’élever des enfants (im)parfait (Erès) nous met en garde : attention à ne pas idéaliser ces retrouvailles en famille. « Les vacances ne peuvent pas définir un nouveau mode de fonctionnement. Les contraintes du quotidien influent, certes, mais elles ne sont pas à l’origine de la structure de nos relations ».
Ainsi, il explique que, à travers ces moments choisis, il est risqué de rêver nos relations avec notre entourage proche. L’évènement qui nous réunit est peut-être joyeux, heureux mais éphémère. Nos relations avec notre entourage restent les mêmes ! Et nous pouvons nous autoriser à penser que plus nous rêvons et idéalisons ces moments, plus la chute et la réalité peuvent être difficiles. C’est en partie ce qui explique cette intensité émotionnelle que nous vivons au cours de ces vacances familiales. La différence entre l’attente et la réalité est la déception !
Patrick Ben Soussan explique aussi que les comportements familiaux sont inchangés pendant ces moments :« Le fonctionnement du couple, de la famille, existe en nous et à travers nous aussi, dans le transgénérationnel. La dynamique psychologique qui le sous-tend restera la même pendant cette période : si nous sommes dans une famille ou dans un couple qui se parle, partage des expériences, nous continuerons d’échanger… Mais si nous évoluons dans un couple ou une famille conflictuelle dans lesquels personne ne se parle, chacun conserve son petit pré carré, les choses se passeront, elles aussi, de la même manière. Le fond sera toujours là, même s’il peut être tempéré. »
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Faut-il s’interdire de rêver à ce beau tableau de famille, sans accroc et sans tâche ?
Est-ce si dommageable de penser que tout se passera pour le mieux, à la manière de la famille parfaite présentée sur Instagram ?
Le psychiatre et psychanalyste Didier Lauru, auteur de « Tout est psy en vacances ? » (Albin Michel) nous répond :« À quoi servent les vacances, sinon à rêver et à se projeter dans un avenir formidable, reposant, ludique ? Nous attendons de nos enfants, de nos proches, de notre conjoint qu’ils soient plus attentionnés, plus câlins. Cela fait partie de nous : tout le monde fonctionne comme cela, tout le monde surestime l’autre dans un rapport affectif, amoureux. Les vacances sont une demande d’amour déguisée : dans ce cadre, nos désirs vont enfin se réaliser… ou pas. C’est dur de se dire : je vais m’épanouir sans nourrir aucun espoir. Et puis, par ailleurs, il arrive que cela se passe bien… »
Ouf, il est bon de rêver et de nourrir de l’espoir !
Et puis ! notons-le quand même ! Il arrive que tout se passe bien.
En effet, nous avons tous le souvenir de cousinades quand nous étions petits où nous jouions des heures dehors. Où nos grands-parents nous distribuaient des glaces ou confiseries. Grâce à qui, de vraies relations familiales se sont créées loin des tensions d’adultes. Ces souvenirs familiaux ont pu être vécus comme des moments clés dans notre construction personnelle et affective.
Pourquoi les retrouvailles familiales sont les relations sont les plus explosives ?
Une dernière question subsiste : pourquoi est-ce dans la cellule familiale, que l’on a pourtant souvent tant plaisir à retrouver, que les relations sont les plus explosives ?
La famille est l’endroit où l’on s’est construit affectivement, ou l’on a reçu ou attendu de l’amour, où l’on a appris à communiquer, se demander pardon… Elle est l’endroit où la dimension affective a pris le plus de place.
Les relations parents-enfant ou celles que l’on entretient avec son conjoint sont souvent bien plus intenses que les liens amicaux ou professionnels. Cette intensité provient d’une envie d’amour et de validation de nos besoin. Quand ils ne sont pas rejoints, cela peut rendre ces relations particulièrement explosives.
D’ailleurs, et vous l’avez sûrement vécu, nous ne réagirons pas de la même manière si c’est notre père, notre conjoint ou un ami, même proche, qui se désintéresse totalement de notre nouveau travail.
De la part de notre famille, nous attendons et légitimement une reconnaissance sincère, une fierté à l’égard de nos réussites, et un regard aimant qui nous soutient. Lorsqu’il y a un manque de cette reconnaissance – qu’il soit réel ou perçu – cela vient souvent réveiller des blessures d’enfance ou des problèmes d’attachement liés à la petite enfance #153 Je suis sécure affectivement. Cette absence, réelle ou supposée, peut provoquer une souffrance profonde, de la colère. Mais aussi de la frustration, des émotions qui peuvent parfois mener à des conflits sévères.
L’idéalisation des relations et la soif d’amour que nous attendons de la famille vient donc expliquer pourquoi les retrouvailles familiales peuvent être vécues sous haute intensité !
Des astuces pour éviter d’être dépassé par le tourbillon des émotions des retrouvailles familiales
Avoir conscience que les réunions familiales peuvent être source de joie comme de conflits peuvent donc nous aider à trouver des astuces pour ne pas nous laisser emporter dans ce tourbillon d’émotions.
Éviter de tomber dans le danger de l’idéalisation des réunions de famille
Tout d’abord pour ne pas tomber dans les dangers de l’idéalisation. Je peux m’autoriser à rêver à la magie de l’évènement, de la « famille Ricoré » en distinguant bien les retrouvailles des relations.
Oui, tous nous retrouver peut-être excitant tout comme s’émerveiller devant le beau coucher de soleil. Pourtant, nous avons chacun nos limites, nos réalités, nos comportements, nos manies, qui restent inchangés. Ainsi, je choisis de ne rien attendre de l’autre de plus que ce qu’il est.
Nicole Prieur, philosophe et thérapeute familiale, auteure de Petits règlements de comptes en famille (éd. Albin Michel) conseille : « Se demander ce que l’on attend encore de sa famille, de quitter ses attentes d’enfant ou d’adolescent pour accepter ses proches tels qu’ils sont ». Elle dit encore : « Il faut accepter la réalité de notre famille, ne plus attendre qu’elle change ». «Cela passe par un processus de deuil de la famille rêvée. Accepter que l’on n’aura jamais les parents parfaits, ne pas attendre de reconnaissance et surtout admettre que l’on ne sera soi-même jamais l’enfant idéal. »
Accueillir au lieu d’attendre une clé pour des vacances en famille plus sereines
Je peux donc décider, avant de rejoindre ma famille ou belle-famille de ne rien attendre de particulier, juste d’accueillir. D’éviter de vouloir qu’un tel change ses petits défauts comme le frère un peu trop taquin, la nièce maladroite. Sans oublier les coups de grogne du beau père ou les heures de déjeuner invariablement à 14h quand je rêve de buller pendant la sieste des petits. Éviter aussi de réagir aux remarques que je perçois comme désagréables de ma mère genre : « Tu es toujours aussi désordonnée ». Ainsi j’accepte de rejoindre chacun avec ses propres limites. Et oui, nous sommes tous imparfaits #92 !
Aussi, ces moments étant toujours limités dans le temps, je peux choisir de le vivre comme une trêve en évitant d’aborder les sujets « brûlants ». Et profiter de l’instant présent #25. Que ce soit en matière de politique, de religion, d’éducation. Il y a dans chaque famille des sujets de discorde qu’il est préférable de ne pas aborder pour maintenir un bon climat.
De plus, si l’on choisit de prendre du recul, une arme imparable est celle de l’humour en pratiquant par exemple l’auto-dérision face à des remarques désobligeantes du type : « Tes enfants se sont coiffés avec un pétard ce matin ? ». « Tout à fait, c’est la nouvelle mode, tu pourrais essayer, ça t’irait bien ! »
Si les autres peuvent nous agacer, il faut reconnaître que nous avons nous aussi nos limites et nos imperfections et que la réciproque est valable. Je dois certainement aussi agacer. Alors je peux faire attention en reconnaissant mes limites et en essayant d’être attentif à être agréable aux autres.
Combien de temps rester en famille ?
Une autre astuce est de reconnaître ma capacité à absorber cette intensité familiale sur une échelle de temps. Je peux par exemple définir un temps raisonnable selon mes propres capacités. Suis-je capable de rester 1 semaine, 2 semaines ou simplement 2 ou 3 jours ? Vous l’avez compris. Nous connaissons chacun nos propres limites et pouvons ainsi fixer la durée de notre présence en l’expliquant posément. « Cette année nous viendrons 6 jours car nous partirons ensuite nous reposer entre nous, nous en avons besoin. ». N’en déplaise à belle maman ou à maman, en l’expliquant ainsi, nous créerons peut-être de la déception mais pas de clash familial autour de la table !
Même si l’on ne choisit pas sa famille, elle est un excellent moyen de ressourcement, un lieu d’apprentissage de l’amour et du pardon, de la vie en collectivité. Elle est aussi le lieu où petits et grands s’enracinent, où nous créons des liens durables dans le temps.
C’est en apprenant à trouver les astuces pour que ces retrouvailles se passent paisiblement, que nous pourrons y puiser tous ces bénéfices.
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En résumé, pour garder de bons souvenirs des retrouvailles familiales estivales
1-Accepter de ne pas changer les autres.
2- Éviter les sujets qui fâchent.
3- Avoir recours à l’humour.
4- Reconnaître ses propres limites.
5-Définir un temps raisonnable pour se retrouver.
A vous de jouer chers auditeurs, c’est décidé, avant les vacances je vais d’abord me demander si j’attends des choses particulières de mon entourage familial. Je choisis d’y renoncer le temps de ces retrouvailles.
La Petite Mousse de 2 minutes de Bonheur
« Rire en famille, c’est mettre une cerise sur le gâteau de la vie »