En fait, je suis piégée. Si je ne me sens pas concernée par mes biais cognitifs, je suis sûrement victime du biais de l’excès de confiance. Et si je réponds que mes biais orientent mes choix, alors je m’enferme dans le biais de confirmation. Et là, ça me chicotte ! Comment puis-je faire pour, à la fois faire attention à mes biais et également réussir à les mettre à distance pour prendre des décisions cohérentes et pas trop biaisées !
Pourquoi a-t-on des biais cognitifs ?
Comme nous l’avons évoqué la semaine dernière, nos biais cognitifs sont de véritables distorsions dans le traitement de l’information. Nos biais sont des pensées ni logiques ni rationnelles qui vont conduire à une prise de décision rapide et automatique.
Dans quel cas le cerveau fait-il ses raccourcis ?
- Lorsque nous avons à traiter une grande quantité de données. La surcharge d’informations à analyser nous oblige à retenir uniquement l’essentiel. En plus, notre cerveau à tendance à conserver en priorité des éléments récemment mémorisés.
- Le besoin d’agir vite : par simple facilité, les options les plus simples sont privilégiées aux plus compliquées ou à celles qui sont moins maîtrisées.
- Lorsque qu’il manque des informations : le cerveau va combler les trous, le plus souvent à l’aide de ses stéréotypes et croyances ou en faisant référence à des situations maitrisées.
- La limite de notre mémoire. Le cerveau déforme nos souvenirs, les modifie, leur donner plus ou moins d’importance (positif ou négatif) et c’est ce qu’on en retiendra par la suite. Comme Daniel Kahneman l’explique dans son livre “Système 1, Système 2, les 2 vitesses de la pensée”. Dans certaines situations, le système 1 : rapide, instinctif et émotionnel, prend le pas sur le système 2 : lent et rationnel. Le premier agit 95% du temps tandis que le second 5%.
Nos biais cognitifs influencent nos choix, d’autant plus quand nous avons à traiter, que notre temps de réflexion est restreint. En plus, notre mémoire est bien souvent sélective, notre communication est modifiée par le langage (le fameux téléphone arabe !). Et pourtant notre irrationalité naturelle due à nos biais cognitifs a aussi des avantages : vitesse, créativité, adaptabilité…
Quand je choisis de changer de boulot, j’ai accès à certaines informations que me donne le recruteur. En théorie, j’ai tout ce qu’il faut pour les synthétiser et les analyser afin de poser un choix. En bon élève, j’ai d’ailleurs dressé ma petite liste de pour et contre pour prendre la décision la plus rationnelle possible. Pourtant, mon cerveau ne fonctionne pas de façon aussi logique.
Comment fonctionnent les biais cognitifs ?
Les biais décrits dans notre épisode précédents #189 Je comprends le rôle de mes biais cognitifs illustrent la capacité d’apprentissage par renforcement de notre cerveau. C’est un processus bien connu et souvent vulgarisé sous le nom de « réflexe pavlovien ». Il s’agit de la capacité de notre cerveau à modifier nos comportements en fonction des récompenses ou des punitions que nous obtenons.
Notre cerveau évalue systématiquement toutes les options qui nous sont offertes pour prendre des décisions. Prenons l’exemple de lire un roman. J’ai le choix entre plusieurs lectures ; mon cerveau attribue une sorte de note à chaque option. Cette note reflète en quelque sorte mes attentes par rapport à cette lecture. Si mon expérience de lecture est à la hauteur de mes attentes, j’enregistre une récompense. A l’inverse, si ma lecture me déçoit, je la vis comme une punition. À la suite de cela, je vais modifier inconsciemment mon comportement pour maximiser mes récompenses et réduire au maximum les punitions que je reçois. Peut-être que je vais arrêter de lire des romans de l’auteur qui m’a déçu(e). Ou, qu’au contraire, je vais me jeter sur les polars dans le même genre que celui qui m’a plu. Mon comportement est donc renforcé par mon apprentissage issu de mes expériences réelles.
Un ballet chimique se met en place dans notre cerveau. Vous rappelez vous du striatum dont nous vous avons parlé dans notre épisode #128 sur les mécanismes primaires du cerveau ? C’est le grand chef d’orchestre de notre circuit de la récompense. Il génère de la motivation et commande une grande partie de nos comportements. Selon que nous recevons des récompenses sous forme de libération de dopamine ou non, nous nous ajustons.
Biais cognitif et apprentissage
Dans le cas des biais cognitifs qui nous intéressent, les recherches ont démontré une chose intéressante. Le taux d’apprentissage, c’est-à-dire notre capacité à modifier nos comportements en fonction des informations reçues est plus fort lorsque ces dernières confirment notre pensée. Et il est plus faible lorsqu’elles nous contredisent. Cela explique notamment pourquoi de nombreuses personnes persistent à tenter leur chance au loto, sans avoir jamais gagné. Les recherches ont démontré qu’il existe 2 circuits chimiques distincts dans notre cerveau pour gérer les punitions ou les récompenses et que ces derniers fonctionnent de façon asymétrique :
- La voie directe. En charge du renforcement positif : la dopamine libérée indique que nos croyances sont confirmées.
- La voie indirecte. L’absence de dopamine crée un renforcement négatif et nous détourne de l’option que nous enregistrons.
La dopamine est donc l’agent biologique qui influence le circuit de la récompense et renforce indirectement nos biais.
Maintenant que je vous ai présenté ces quelques mécanismes trompeurs de votre cerveau, vous devez avoir envie de vous prémunir contre eux. Cependant, laissez-moi vous expliquer qu’ils ont aussi leurs avantages.
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Les bienfaits des biais cognitifs
- Tout d’abord, comme nous n’avons pas toujours accès à toutes les informations dont nous avons besoin pour prendre des décisions, les biais cognitifs nous permettent d’accélérer. Ils remplissent notre besoin de réassurance pour que nous soyons capables d’agir efficacement. N’oublions pas que les mécanismes du cerveau sont naturellement animés par des réflexes de survie. Et qu’ils nous guident pour réagir parfois rapidement aux dangers. Si j’attends de tout savoir de cet homme qui me plait bien, il y a peu de chances que j’accepte d’aller boire un verre avec lui avant qu’il se soit lassé de le proposer.
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- Le biais d’exposition. Il crée progressivement une certaine familiarité entre les éléments auxquels nous sommes exposés de façon répétitive et nous. Ce qui nous permet de détecter rapidement des changements dans notre environnement pour prendre des décisions efficaces. C’est ce qui est appelé « l’effet de fluence perceptive ». Il a un effet positif sur la mémoire et l’apprentissage. Cela rend ce qui nous entoure plus facilement analysable.
- De la même façon, le biais de disponibilité nous permet de nous souvenir de ce qui nous a fait plaisir par le passé. Ceci pour répéter une expérience et prendre une décision. Par exemple, je me souviens que j’ai adoré un gâteau dans telle pâtisserie, je sais où aller pour m’en acheter un autre !
- Ensuite, dans la continuité de cette idée, les biais me permettent de prendre des risques. Par exemple, un entrepreneur a besoin d’une dose d’optimisme et de foi dans son idée pour de se lancer. Notre capacité à prendre des risques est une condition qui nous permet de nous mettre en action. Elle renforce notre confiance en nous, comme nous vous l’avions expliqué dans notre épisode #87 J’ose oser.
Les biais cognitifs nous aident à persévérer
Un atout non négligeable de plus. Le biais d’optimisme nous permet de persévérer dans nos efforts. C’est notre conviction que le meilleur reste à venir pour nous. Cela nous pousse à nous entêter dans nos projets et à maintenir nos efforts pour atteindre nos résultats. Une étude menée par l’Université d’Oxford a démontré qu’en situation d’apprentissage comme à l’école par exemple, les sujets avec le biais le plus fort surpassent les autres sujets. Si je reprends mon exemple de l’entrepreneur. Même en cas d’obstacle ou d’échec intermédiaire, son cerveau peut continuer de lui faire croire qu’il va percer. Évidemment, tout est question de mesure car personne ne souhaite persister aveuglément dans un projet qui va le mettre sur la paille. Cependant, une petite dose d’optimisme ne nuit pas.
Le biais de confirmation permet aussi de s’accrocher aux résultats positifs reçus pour maintenir son effort. Dans le même esprit, il a été démontré que ces biais sont favorables à la motivation y compris en équipe.
Ils sont à l’origine de prophéties auto-réalisatrices
Un autre bienfait : les biais que nous avons décrits peuvent aussi être à l’origine de prophéties auto-réalisatrices. Ce concept prend son origine dans les recherches du sociologue américain Robert King Merton qui démontre que la reconnaissance sociale accordée par notre environnement influence notre performance et notre confiance réelle. Cette perception est subjective. Et comme les tours que nous joue notre cerveau, pas toujours fondée sur des informations neutres et plutôt parfois sur des perceptions. Par exemple, c’est ce qui nous conduit à penser sincèrement que toutes les personnes au pouvoir comme nos ministres ont des capacités intellectuelles supérieures aux autres. Parce que « On n’arrive pas là par hasard » alors qu’aucun fait ne vient appuyer ce constat.
En résumé, notre cerveau conforme le réel aux convictions que nous avons. C’est ce qui génère les prophéties auto-réalisatrices c’est-à-dire des perceptions qui se réalisent dans les faits simplement par la force de notre conviction. Les chercheurs ont par exemple démontré qu’un groupe d’étudiants dans lequel les professeurs croient davantage a tendance à obtenir de meilleurs résultats qu’un groupe qui ne reçoit aucune attention particulière.
Dans le cas des biais d’optimisme, si je crois dans ma capacité à réussir tel projet, j’ai plus de chances d’y arriver. Car je vais me comporter naturellement de façon à façonner le réel pour qu’il se conforme à la réussite que mon cerveau prédit. Mon cerveau me trompe certes, néanmoins c’est pour mon bien !
Un autre exemple de prophétie auto-réalisatrice : c’est parce que je pense sincèrement que je possède certaines qualités que je peux les développer. C’est ma confiance en moi alimentée par mes biais qui m’aide à me conformer à mes propres attentes.
Par ailleurs, croire qu’un futur radieux m’attend me permet de rester dans une humeur positive ce qui m’apporte plus de ressources et de créativité pour réaliser mes objectifs.
Enfin, le biais de confirmation, parce qu’il renforce nos croyances, nous pousse à étoffer nos arguments face aux autres. Indirectement, il génère davantage de discussions de groupe et nous permet de développer nos compétences d’argumentation et de persuasion. La discussion est bénéfique car au contact des autres, nous envisageons d’autres façons de traiter un sujet et nous remettons en question nos idées reçues. Notre réflexion progresse, surtout si nous avons confiance dans nos pairs.
Les avantages de connaître nos biais cognitifs
- Ils apportent certains bienfaits.
- Et comblent notre besoin de réassurance
- Enfin, ils nous mettent en action
A vous de jouer chers auditeurs, la carte de 2 minutes de bonheur vous propose de choisir de choisir une croyance positive qui égayerait votre quotidien ! Puis savourez votre nouveau biais !
La petite mousse de la semaine est un bon biais d’optimisme et nous l’assumons ! Elle nous vient d’André Maurois qui nous dit « Le bonheur est une décision que nous prenons d’être heureux quoi qu’il arrive. »
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