Au cours de notre épisode 242, nous avons évoqué de manière générale les émotions et compris combien il était important d’en faire nos alliées. Je rappelle les 5 émotions de base : joie, tristesse, peur, colère, dégoût et la peur.
Mieux comprendre les émotions : rappel
Une émotion, c’est d’abord quelque chose que nous sentons entre le cou et le bas de l’abdomen. Nous avons une sensation qui s’active en fonction de ce qui se passe dans notre environnement. Le cerveau va alors l’intégrer, la définir et ensuite agir. Les émotions ont donc cette particularité de permettre un dialogue entre tête et corps grâce au système nerveux autonome entre autres. C’est universel chez tous les humains. Ce câblage est donc un moyen d’être en communication tête et corps. Puis nous nous mettons en relation avec l’autre qui lui aussi a une tête et un corps.
Parfois, face à une situation, il y a plusieurs émotions et il est difficile pour le cerveau de les reconnaître.
Lorsqu’on est petit, jusqu’à 8 ans, le cerveau a déjà tout ce qu’il faut pour pouvoir saisir et comprendre une émotion. Mais il n’est pas encore bien encodé, bien façonné pour pouvoir la reconnaître. Cela dépend de ce que le parent et l’entourage vont traduire. Un enfant peut très bien ressentir une forme de tristesse et si l’adulte dit « Ah, vue ta moue, tu as l’air en colère » l’enfant va faire des mauvaises associations.
Aujourd’hui, grâce aux travaux de Paul Ekman, les expressions faciales sont préverbales et sont un élément qui permet de valider une émotion. Le dégoût, par exemple, va créer des moues et la joie le sourire ! À nous adultes de bien décoder nos propres émotions, de bien les sentir et de bien les reconnaître sur le visage de l’autre pour pouvoir éduquer les enfants.
Pourquoi parler de la joie ?
La joie a une vertu hautement thérapeutique. Elle a cette grande vertu de relier les humains. Si je ris, tu ris. La joie est donc l’émotion du partage par nature. Quand nous avons une super nouvelle, nous sommes pleins de joies, ça crée une espèce d’effervescence intérieure. Parfois, on peut être tellement joyeux qu’on saute de joie. Je pense à des supporters d’une équipe de foot, ils se sautent dessus ! C’est plein d’énergie, ça explose de façon très positive et nous avons absolument besoin de la partager.
La joie a une fonction hyper régulatrice, elle va nous permettre de partager avec l’autre qui, à son tour, va nous renvoyer normalement de la joie. De ce fait, elle accorde les humains et étrangement elle régule.
Pensez à la rigolo thérapie, la thérapie par le rire du yoga du rire. Cette faculté de rire ensemble permet la communion et permet du coup ce qu’on appelle l’accordage. Quand je travaille avec des patients en thérapie, l’émotion de joie est peu citée, je les entends plus dire qu’ils sont en colère, tristes ou dégoûtés. Et pourtant, la joie est aussi une émotion qui nous traverse tous les jours ! Et elle est indispensable pour l’accordage des humains. Quand on accompagne un petit à grandir, ce qu’on appelle aussi le care giving, prendre soin, accompagner, le faire avec joie et avec plaisir change tout pour l’enfant. Il va entrer en relation plus facilement avec son giver et lui-même va être plus facilement en relation avec ses émotions.
En fait, cette joie nous permet de nous réguler. Elle nous permet de rentrer en lien avec l’autre. Donc de nous raccorder tous ensemble. La joie nous redonne de l’énergie, elle est restauratrice et réparatrice et permet ainsi d’être équipé pour aller traverser toutes les autres émotions moins agréables !
Pourquoi la joie est essentielle pour le bien-être
La joie nous met en équilibre, en homéostasie diraient les chimistes. Dans notre système nerveux autonome, nous avons un frein et un accélérateur.
La joie permet une régulation, un réajustement dans ce double câblage. Tout en rappelant que dans le corps humain il y a pleins de boucles qu’on appelle rétroactives, pleins de freins, pleins de régulateurs et de modulateurs !
Par exemple, lorsqu’une personne est atteinte d’une sévère maladie, les études ont démontré qu’avoir le moral et être accompagné par un entourage positif, améliore les chances de guérison. Parce qu’effectivement le malade va sécréter certaines hormones et certains neurotransmetteurs. C’est un peu comme plein de petites bulles chimiques qui vont permettre de remettre cet équilibre physiologique. Ce qui démontre bien que la joie a cette fonction réparatrice et thérapeutique. Nous comprenons mieux le pourquoi de la présence de clowns dans les hôpitaux ! Il en est de même pour les personnes isolées, le fait d’avoir des affects positifs comme vivre des moments de joie est extrêmement bon pour la santé.
Comment distinguer la joie des autres émotions positives
Rappelons déjà que le mot émotion vient du latin Movere bouger vers l’extérieur. La joie est un langage pour aller vers les autres et vers l’extérieur.
Au fond, la joie, c’est le produit brut ! Quand nous sommes en joie, dans un état qui nous permet d’être en pétillance, pleins d’énergie, nous sommes ensuite dans une espèce de tranquillité. En d’autres mots, au départ on va avoir l’excitation, l’extase et finalement la joie et puis in fine on va vers la sérénité. Tous ces mots sont des déclinaisons de ce produit brut qu’est la joie.
Chacun va ensuite la transmettre et la traduire selon ses codes, en fonction de sa culture. Le plus important finalement c’est de se rappeler que derrière tout état qui procure le sentiment de bonheur, de sérénité, de plaisir, de satisfaction, de contentement d’être content, d’être contenté, d’émerveillement, de gratitude, il y a eu cet effet de joie.
Pour mieux comprendre tout ce vocabulaire autour des émotions positives, vous pouvez en savoir plus grâce à notre épisode #235 sur les émotions positives.
Toutes ces facettes différentes de la joie sont intéressantes à décliner. Ne serait-ce que corporellement pour comprendre un petit peu plus toutes les différences et les intensités des ressentis qui existent. Cette échelle n’est pas forcément commune à tous. Reprenons les travaux qui sont faits sur le petit enfant. Boris Cyrulnik explique que, finalement, plus il y a de mouvements de joie, notamment dans une famille, plus le langage le traduit. Plus on l’exploite et on l’amplifie et plus la niche sensorielle sera riche. Et c’est un atout !
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La joie est vraiment une émotion de l’instant présent
Il est bon de rappeler combien il est important de revenir à l’instant présent pour vivre des moments de joie. Notre corps à une particularité, il ne peut être que dans le présent. En revanche, lorsque nous éprouvons et nous ressentons de la joie, nous pouvons la stocker dans notre mémoire, comme un souvenir et nous pouvons y revenir. Nous pouvons le restaurer et là, la joie revient. Il est possible de l’amplifier, le gonfler, le charger d’encore plus de joie ! Nous pouvons même reprendre le souvenir d’une personne et y rajouter notre propre joie du moment présent. C’est la Madeleine de Proust !
Malheureusement, nous savons bien mieux le faire avec les autres émotions comme la tristesse et la colère ! En revanche bonne nouvelle ! La joie va nous aider et c’est absolument fondamental.
En effet, lorsque nous baignons dans ce bain de joie, nous nous rééquilibrons et nous augmentons notre capacité de pouvoir alors être traversé par les autres émotions. Non parce qu’elles sont négatives mais parce qu’elles expriment le fait que nous allons devoir retraverser certaines expériences ou certaines difficultés, des moments moins sympathiques. D’ailleurs les dernières recherches scientifiques le démontrent. Augmenter les affects positifs fait diminuer les affects négatifs alors que l’inverse n’est pas vrai ! Ce n’est pas en diminuant les affects négatifs qu’on augmente les affects positifs !
Comment cultiver la joie au quotidien ?
Déjà évitons d’être trop seul ! Car seul c’est beaucoup plus difficile d’être joyeux. Les humains ne sont pas fabriqués pour vivre seuls. Entourons-nous de personnes joyeuses ! C’est aussi célébrer la joie de se réveiller au côté de quelqu’un qui nous est précieux et de lui sourire.
Pour ceux qui sont seuls, j’ai une petite recette. Dans ces cas-là, si vous avez un chien, si vous avez un chat, ou même un arbre devant votre fenêtre, souriez leur !
En souriant, nous activons notre système nerveux autonome et sa branche de l’engagement social.
Nous pouvons aussi aller sur internet pour regarder ou écouter des histoires drôles, regarder des sketches humoristiques.
Et que dire de savourer les choses simples de l’enfance ! Même si vous avez eu une enfance douloureuse, rappelez-vous que, comme tous les enfants, vous avez été magiques. Parce que si vous êtes vivant c’est bien parce que vous aviez des petites ressources pour être joyeux. C’est, par exemple, l’émerveillement devant une coccinelle ou observer un escargot sortir de sa coquille.
Dire que nous courons après le bonheur ou après la joie n’est pas tout à fait juste. Revenons à l’essentiel. Un bébé qui sourit comprend très vite qu’il y a beaucoup plus de gens qui vont s’occuper de lui que s’il se met à pleurer ou qu’il fait une décharge de ce qu’on appelle de colère. Vous pourriez dresser une liste de tout ce vous avez fait de joyeux lors de votre enfance !
Émerveillez-vous de la nature autour de vous au travers de tous vos sens. Par exemple, écoutez des oiseaux en train de siffler, observez la forme des nuages, sentez l’odeur de la forêt, touchez les feuilles des arbres. Ou encore goûtez et savourez des baies comestibles bien sûr !
Quels sont les bienfaits de la joie
Le premier bienfait de la joie est d’éviter d’aller mal. Si quelqu’un qui perd la joie, sa joie de vivre va petit à petit s’éteindre. Il va devenir un peu déprimé. La dépression est cette perte de la capacité à être enthousiaste et à retrouver de la joie. Donc, la première des facultés de la joie c’est de nous garder en bonne santé psychologique et d’éviter une dépression.
Sur le plan psychologique, au niveau du cerveau, le fait de pouvoir sentir et s’imprégner de son environnement avec le sourire va activer tout le système central. Et du coup, cela va mettre le cerveau en effervescence. La personne va donc être plus curieuse.
A contrario, si nous sommes souvent triste, angoissé, dépressif, déprimé, stressé, (et le vocabulaire est large) les effets ne seront pas les mêmes ! D’un point de vue physiologique, nous allons davantage solliciter les hormones de stress, le cortisol entre autres. Et au long court cela va dégrader notre physiologie.
La joie rend plus fort. Les gens qui ont les parcours les plus difficiles ne réalisent pas forcément, qu’au fond, il y a plein de petites choses, mine de rien, qui sont encore là et qui peuvent leur donner un peu de joie. Même s’ils ne les traduisent pas comme ça, ce sont ces petites joies qui leur permettent de se maintenir en vie. Donc, charge à nous d’aller rechercher ces petites choses belles et joyeuses de notre quotidien !
L’aptitude à voir le positif
Parfois, dans les moments les plus terribles, certains voient le verre à moitié vide. Ils ne sont plus en aptitude de regarder tout seul le verre à moitié plein. Rappelez-vous de l’essence même de la joie : elle est fondée sur le partage avec un autre humain et un autre cerveau humain.
Et c’est là où nous nous inscrivons en faux par rapport à cette expression, « nous sommes responsable de notre bonheur ! » Les travaux de l’époque de ce dicton ne connaissaient pas tout ce qu’on sait aujourd’hui sur l’activation des neurones miroirs et sur le système nerveux autonome. On pensait que c’est à nous d’être responsable de voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide.
En fait, la plus grande découverte est que, même dans la noirceur, quand quelqu’un vient à côté de vous, vous sourit et vous dit qu’il est là et vous propose de regarder différemment et ensemble vos difficultés, vous n’êtes plus seul. C’est là où vous réactivez ce potentiel de reprendre vie et espoir.
Nous avons donc une inter-responsabilité de recultiver le bonheur et d’aller rechercher l’autre en lui souriant. Un autre visage vient le rechercher et ça c’est précieux.
La joie est contagieuse
Certains se culpabilisent en pensant qu’ils ne sont pas câblés pour le bonheur. Oui, certains vivent des situations difficiles, se sentent seuls pour traverser toutes ces épreuves. Ils préfèrent se taire et peuvent en plus être entourés de personnes qui ne sont pas très enthousiastes.
Et pourtant, si vous avez la chance de croiser des personnes qui vont vous sourire et qui regardent la vie avec plus d’enthousiasme, il va y avoir une sorte contamination qui va enclencher un cercle vertueux. C’est comme quand un bébé doit avoir un vaccin. C’est désagréable, même douloureux. Si sa maman lui fait un câlin et une caresse sur le corps, lui dit un mot rassurant, l’effet de la douleur de la piqûre va être neutralisé, presque comme une anesthésié. Ou pensons à une maman qui accouche. La douleur est super intense. À un moment, elle passe le cap de la douleur et puis derrière, rapidement, le bonheur est tellement intense d’avoir le bébé dans les bras que la douleur de ce corps qui vient de s’ouvrir disparaît. La joie est le meilleur des médicaments !
La joie source de résilience
Dans ses travaux, Barbara Frederickson, démontre que la joie est source de résilience. Effectivement, la joie apporte de la résilience sur les événements. Si quelqu’un vous accompagne à relire votre histoire douloureuse ou prend le temps de vous écouter, vous vous sentirez alors vivant. Et même si on ne change pas notre passé, le relire autrement dans tous les sens du mot permet d’aller mieux et ce sont des facteurs de résilience.
Dans les derniers travaux ce qui émerge de plus en plus c’est ce que l’on appelle la sécurité dans la petite enfance. Si on a eu la chance d’avoir une famille où il y avait suffisamment de sécurité, une disponibilité des parents qui avaient des factures comme tout le monde, des petits bobos. Mais qui avaient eux-mêmes une espèce de tranquillité en disant que ça va aller et qui étaient joyeux. Regarder les choses avec des yeux qui s’émerveillent et en ayant le sourire est le meilleur médicament qu’on peut avoir au monde. Dès le début de la vie, sourire et apprendre aux enfants que ça va aller, même si c’est difficile à certains moments, est une attitude tellement précieuse ; tant pour soi même que pour son entourage.
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En résumé, la joie
- Est une émotion intense et spontanée, souvent provoquée par des moments simples et éphémères. Mais elle laisse une empreinte positive durable.
- Joue un rôle essentiel pour le bien-être mental et physique, influençant notre résilience, notre santé et nos relations.
- Se cultive au quotidien en savourant les petites sources quotidiennes de bonheur.
A vous de jouer chers auditeurs, la carte de 2 minutes de bonheur vous propose cette semaine, de nommer 3 moments de joie que vous avez vécus depuis le début de votre journée.
La Petite Mousse de 2 minutes de Bonheur
» Il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux. »