La priorité dans ma vie
Les obligations professionnelles, familiales, personnelles sont nombreuses. Nous avons parfois l’impression d’être embarqués dans un tourbillon intense de rendez-vous à honorer, d’actions à réaliser. Mais aussi de livrables à rendre, de personnes à rencontrer, d’enfants à accompagner… Ce sont les signes d’une vie riche.
Mais parfois elle peut nous apparaître dénuée de sens. Un peu comme si l’on accomplissait ce qui est attendu de nous, sans réflexion, sans y penser, comme un robot.
Cela laisse souvent une impression de débordement, un peu d’angoisse qui peuvent nous faire perdre de l’énergie. A force de courir, on ne se sent pas connecté à ses actions. Et on ne trouve pas l’espace nécessaire pour se concentrer sur soi-même, pour s’occuper de soi et retrouver le sens de notre quotidien. J’aime bien dire que ce trop-plein laisse parfois en fait un grand vide en nous. Un peu comme un hamster qui court dans sa roue. Il court, il court, la roue tourne sur elle-même sans atteindre de destination. De ce fait le hamster ne semble savoir où il souhaite aller.
Donner la priorité aux autres ou à soi-même ?
Intuitivement, nous avons tendance à donner la priorité aux autres et aux actions reconnues comme utiles.
La vie professionnelle et le temps utile
Entre un lunch avec mon collaborateur qui souhaite me confier un de ses soucis et mon envie d’aller me vider la tête au club de gym pendant ma pause, il y a beaucoup de chance que je donne la priorité à mon équipe.
Mes besoins m’apparaissent comme les variables d’ajustement dans mon emploi du temps chargé, celles qui peuvent passer après tout le reste. Notre rapport au temps est orienté vers l’utilité et l’efficacité.
Je chasse les temps morts, je cherche souvent à optimiser au mieux le temps et l’énergie dont je dispose. En outre, j’ai à cœur de faire des choses utiles. En cette période où le télé-travail continue dans beaucoup de foyers, on va essayer d’utiliser au mieux notre temps à la maison pour réfléchir aux dossiers les plus exigeants. Sans oublier de lancer une machine et réceptionner notre livraison de courses. Le confinement a souvent eu pour conséquence de brouiller les limites entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Cela nous a donné l’habitude de faire encore plus de choses en même temps.
Tout faire tout le temps
Nous sommes influencés par la croyance que nous devons tout le temps « faire » pour exister. Que nous devons tout le temps être dans l’action. Pour interroger vos croyances, vous pouvez vous reporter à l’épisode 29 de nos bulles de bonheur : « Je dépasse mes croyances ».
On a tendance à penser que les gens qui accomplissent tout un tas de choses sont des gens biens. Alors que ceux qui sont plus oisifs nous semblent louches, désorganisés ou égoïstes.
D’ailleurs, lorsque nous prenons un moment qui ne sert pas d’autre objectif précis que notre plaisir ou notre bien-être, nous pouvons nous sentir coupable.
Notre éducation nous a soufflé de ne pas trop nous écouter, d’être généreux, de servir des objectifs qui dépassent notre intérêt individuel. Et de cesser de nous regarder le nombril. Dans ce contexte, nous avons du mal à nous recentrer sur nous-mêmes, à nous reconnecter pour prendre soin de nous.
Savoir prendre soin de soi, serait-ce la priorité ?
Et puis d’ailleurs, comment prendre soin de soi ? Est-ce prendre soin de mon corps : m’accorder un massage ou aller faire du sport ? Ou bien est-ce me faire un petit plaisir comme un resto ou un épisode de ma série préférée ? Ou encore est-ce m’offrir un moment de calme à flâner sans but précis ? Toutes ces choses qui me font plaisir me font-elles aussi du bien ? Est-ce que prendre soin de moi se résume à me faire plaisir ?
Et si on se donnait la priorité sans culpabiliser ?
Une équipe de la Harvard Business School a observé précisément l’activité de 27 dirigeants d’entreprises cotées en bourse pendant un trimestre. Il en ressort que si leur emploi du temps est chargé et leur travail particulièrement exigeant, ils ont néanmoins tous en commun de dédier 25% de leur temps en moyenne à d’autres activités que le travail. La moitié de ce temps est passé en famille et l’autre moitié à des activités de détente comme regarder la télévision, lire ou s’adonner à des loisirs personnels. Eux-mêmes reconnaissent qu’ils ont imposé leurs propres limites pour tenir sur la longueur en se ressourçant au cours de ce qu’ils appellent le « me time ».
La priorité bien placée
Chaque individu est comme un réservoir, il ne peut donner que s’il est plein. C’est assez contre-intuitif mais se recentrer régulièrement sur soi-même est en fait le premier pas pour être en capacité d’être disponible au monde qui nous entoure, de l’accueillir et d’y apporter sa contribution.
Prendre du temps pour soi et s’accorder la priorité ne font pas de nous quelqu’un d’égoïste. D’après le modèle développé par Matthieu Ricard et Michael Dambrun, il existe deux types de bonheur générés par des modes de fonctionnement opposés : le soi centré et le soi décentré. Le soi centré est lié aux concepts d’égoïsme et d’égocentrisme. Le soi est le point de départ de tout et la recherche de son intérêt personnel prend le pas sur autrui. Ce mode de fonctionnement incite à approcher les choses, les activités et les autres en fonction du plaisir que l’on peut en retirer et à s’éloigner le plus possible des expériences désagréables ou qui ne nous mettent pas en valeur. A l’inverse, le soi décentré, comme son nom le laisse deviner, est tourné vers l’extérieur. Il se caractérise par de l’altruisme, du respect, de l’empathie, de la compassion et de la recherche d’harmonie. Il incite l’individu à rechercher une juste articulation avec les différents éléments de son environnement, avec les autres formes de vie et avec ses propres aspirations profondes.
La priorité et le plaisir
Le soi centré est tourné vers des plaisirs hédoniques plutôt transitoires. L’individu passe d’un plaisir à l’autre, sans continuité. Ce qui le rend sujet à des émotions comme la frustration, la colère ou encore la jalousie. Contrairement au soi décentré qui est associé à un meilleur bien-être, à des émotions positives et à une diminution de la détresse psychologique. Ce type d’affect est plutôt stable dans le temps. L’individu se sent en harmonie avec son environnement et en cohérence avec ses aspirations profondes, ce qui contribue à l’installer dans un bien-être durable. Conclusion, prendre soin de soi n’implique pas forcément d’être autocentré et de rejeter autrui. C’est en partant de soi-même qu’on est en capacité de se tourner vers les autres. Ce n’est donc pas un réflexe égoïste.
L’un des pères fondateurs de la psychologie positive, Martin Seligman, a développé le modèle de bonheur PERMA en 2012.
PERMA pour :
- Positive Emotions. Notre capacité à concentrer notre attention sur les choses positives, c’est ce qui nous permet d’être optimiste. De surcroît de persévérer et de relever des défis. Par exemple, une musique sympa qui passe dans la salle d’attente, votre mari qui vous envoie un SMS tendre
- Engagement. Nous engager dans des activités nous permet d’étendre notre intelligence. Cela accroit notre sentiment de compétence et de satisfaction. Par exemple, se lancer dans la peinture ou se lancer un défi comme apprendre une nouvelle langue
- Relationships. Entretenir des relations solides et épanouissantes est un vrai bienfait. Non seulement pour amplifier nos moments de joie mais aussi pour atténuer les moments plus difficiles. Par exemple, appeler mes parents régulièrement, jouer à un jeu 2 minutes en famille
- Meaning. Agir selon un but qui donne du sens à notre vie est lié au sentiment d’utilité sociale. Cela nous permet de nous épanouir en fonction de nos souhaits profonds. Par exemple, donner de son temps pour une activité bénévole ou participer à un cercle de réflexion sur un sujet qui nous tient à coeur.
- Accomplishments. Progresser vers nos objectifs personnels nous permet de nous sentir accomplis et fiers de nos réalisations. Par exemple, se féliciter lorsque nous avons couru 500m de plus que lors de notre dernier footing.
Un bien-être durable
Ces déterminants sont sources d’un bien-être durable qui passe par une meilleure stabilité affective, un plus grand calme intérieur. Mais encore un sentiment d’épanouissement personnel et le cheminement vers le sens de la vie.
Dans ce schéma, prendre soin de soi est essentiel car c’est à la base de ces éléments. En psychologie positive, cet espace pour soi va nous permettre de développer des émotions positives. Des pensées, des comportements constructifs qui contribuent à notre épanouissement. Le soin que l’on s’accorde permet de prendre du recul sur un quotidien chargé. En outre, il permet de concentrer notre attention sur ce qu’il comporte de positif et sur la cohérence de nos actions quotidiennes avec ce qui compte pour nous. C’est ce qui va redonner de l’élan et réorienter nos actions vers le sens de notre vie.
La priorité ? Se centrer sur soi-même
En se centrant sur nous-mêmes, on déclenche un bien-être à deux horizons de temps. D’une part la joie, le calme ou la paix sur le moment mais aussi un bien-être de plus long terme. C’est celui que l’on ressent lorsque l’on s’engage dans des actions qui correspondent à nos valeurs.
Ses valeurs
Identifier ses propres valeurs est un travail en soi et cela fera l’objet d’un autre épisode.
Prendre soin de soi c’est se redemander ce qui nous rend heureux, ce qui apporte du sens à notre existence et se reconnecter à ses valeurs. Tout cela pour les remettre au centre de nos actes.
Par exemple, le vendredi soirs tous les 15 jours, nous déclinons les invitations à des dîners pour passer la soirée en famille. Être avec nos enfants, passer une bonne soirée avec eux autour d’un film ou d’un jeu pour nous reconnecter en famille m’apporte beaucoup de joie. Cela nourrit la qualité de mes relations avec mes enfants et mon mari et m’apporte un sentiment d’épanouissement dans la maternité. C’est un moment où je considère que je prends soin de moi.
Faire attention à soi est une soupape qui ne profite pas qu’à moi-même. Ça me met en mouvement et me permet d’ajuster mes actes et mes comportements aux circonstances extérieures.
Un soutien « psy » indispensable pour un passage à la retraite positif ! Un temps pour profiter de soi et la priorité n°1 !
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En pratique
L’auto-compassion
Il s’agit d’adopter une attitude bienveillante envers soi-même, comme on le ferait avec un ami. On l’a abordé dans notre Bulle de Bonheur #39 sur l’auto-compassion. Pour prendre soin de soi, on peut se tourner amicalement, sans jugement vers soi-même et accueillir nos pensées, nos sentiments.
Se donner le temps d’observer comment on se sent, ce qui nous anime et génère du positif en nous.
C’est aussi accepter ses émotions, ses faiblesses et ses défauts sans s’en vouloir. Afin de se concentrer plutôt avec optimisme sur nos forces et nos souhaits profonds.
Prendre soin de soi
Je peux prendre soin de moi de bien des façons différentes. Je peux aller me faire masser, nager une heure, avancer un roman, déjeuner dans un bon restaurant. Mais aussi rire devant un épisode de série, m’impliquer pour une cause que je souhaite défendre, prendre un café avec un ami…
Une activité qui vise à prendre soin de soi-même consiste à prendre soin de ce qui compte pour soi et donc de ses valeurs et de ses aspirations.
Par exemple, je prends un quart d’heure par jour pour pratiquer un instrument. Je me sens satisfaite de l’avoir fait, je suis heureuse de constater mes progrès. Et cela me donne envie de choisir de nouveaux morceaux, de proposer de jouer pour des amis ou avec un orchestre amateur. Le soin de moi-même n’exclut pas les autres, il remet mes priorités au centre du tableau.
Activités sérieuses ou non
Les activités peuvent être « sérieuses », guidées par un projet spécifique comme apprendre l’informatique ou plus légères comme aller marcher en forêt.
D’après Robert Stebbins chercheur américain spécialisé dans l’étude du loisir, les loisirs sérieux apportent des bienfaits durables. Parmi eux, il y a l’actualisation et l’expression de soi, un renouvellement d’énergie, des relations de qualité et un sentiment d’appartenance.
Ces actions génèrent un sentiment d’accomplissement et de reconnexion avec soi-même mais elles peuvent aussi avoir un impact social.
Les loisirs plus légers me relaxent, me détendent, m’apportent du calme et de la sérénité. C’est l’équilibre entre ces deux types d’activité qui aide chacun à adopter un mode de vie qui lui correspond et qui contribue à son épanouissement et à sa qualité de vie.
Envie ou besoin
Attention cependant, dans la recherche d’émotions positives, à ne pas confondre envie et besoin. Nous en avions parlé dans notre Bulle de Bonheur #12.
L’envie est éphémère, liée à l’avoir et au plaisir. Il s’agit de lui laisser une place mais il est aussi important de savoir faire le tri entre les envies et les vrais besoins. Ceux qui correspondent à nos valeurs. Les envies peuvent nous emmener vers une quête épuisante, car sans fin et peu satisfaisante dans la durée.
En bref:
- Prendre soin de vous ne fait pas de vous quelqu’un d’égoïste
- Prendre soin de vous est la source de votre bonheur
- Adoptez une attitude bienveillante envers vous-même et autorisez-vous du « me time », c’est essentiel pour être en capacité d’accueillir les circonstances extérieures et de rayonner autour de vous
- Concentrez-vous sur des activités qui sont cohérentes avec vos valeurs et vous apportent un bien-être durable
Soyez votre priorité numéro 1 !
Je suis la priorité n°1 ! Allez hop je me lance !
A vous de jouer, chers auditeurs, 2 minutes pour bloquer un moment dans votre agenda des prochaines semaines et choisir une activité réalisable pour prendre soin de vous.