Ah les hormones… Je ressens une bouffée de tendresse. J’aurais bien envie d’un câlin ! Quand je sers quelqu’un que j’aime dans mes bras, je me sens tellement bien. Prendre un café avec une amie, lui raconter ce que je vis et me sentir comprise, qu’est-ce que ça fait du bien ! Dormir lovée au côté de ma tendre moitié, qu’est-ce que c’est bon… Et puis nos baisers me font un bien fou !
Mais parfois aussi, quand je suis trop stressée, je n’arrive plus à me sentir bien, à me laisser aller dans la détente, les loisirs. J’ai parfois l’impression de ne plus ressentir grand-chose envers des proches ou même pire envers ma tendre moitié. Et là ça me chicotte, j’aimerais bien comprendre ce qui se passe dans ma tête, mon cœur et… mon corps !
L’ocytocine, l’hormone du liant social
Nous le savons, le corps humain est en perpétuel mouvement, dans une dynamique très complexe et fichtrement bien organisée… Des milliers d’activités s’y passent alors même que nous vivons notre quotidien. Nous faisons la sieste, embrassons ceux que nous aimons, pleurons, rions, travaillons…
L’amour ne s’explique pas uniquement par des composantes physiologiques et biologiques. Même si le corps et la physiologie participent certainement aux processus et aux ressentis. Le bonheur des rencontres sociales et amoureuses vient certainement du cœur, de l’esprit. Mais aussi du corps, notamment grâce à des petites hormones qui y sont sécrétées et qui y jouent un rôle important et tellement agréable !
Le fonctionnement des hormones
Pour comprendre ce qui se passe dans la physiologie humaine du «lien à l’autre», du lien «social» et de l’amour, il est très intéressant de connaître et d’étudier le fonctionnement de certaines hormones.
Elles ont des fonctions toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Sans parler des interactions entre elles et qui mènent vers des comportements humains tournés vers la relation. Bref, qu’est-ce qui fait que nous cherchons à éviter de rester seuls ? Et plus encore que les rapports humains nous font vivre ? La réponse vient de la façon dont notre organisme biologique est conçu dans ses plus profonds fondements. #79 je crée du lien social
L’ocytocyne
Commencons par l’ocytocyne, Certains auteurs la surnomment «l’hormone de l’amour» (Odent, 2011), de «l’attachement» (de Williencourt, 2020). Ou bien ecnore « la grande facilitatrice de vie» (Lee et al., 2009) ou encore « la reine bienveillante» (Walsh). L’ocytocine est une hormone multifonctionnelle et puissante !
A la génèse de notre vie, l’ocytocine est présente
À la genèse même de notre vie, il y a l’ocytocine qui est l’une des hormones jouant sur le terrain de la reproduction et des comportements prosociaux. C’est-à-dire, une hormone qui nous pousse à aller vers l’autre. Elle déclenche le «prendre soin» et joue un rôle dans la sexualité et le cycle reproducteur, comme l’explique Céline Lemay dans son livre «La mise au monde» (2017).
Son rôle
- Premièrement, elle agit dès notre conception en notre faveur. Elle augmente la production de sperme et favorise l’ovulation précoce. Elle intervient même sur le col de l’utérus pour que le sperme atteigne mieux sa cible !
- Ocytocine rime avec contractions. Lors de l’accouchement et des premiers moments avec nos parents, elle est sécrétée en quantité exceptionnelle. Et c’est à elle que nous devons les contractions qui poussent le bébé hors du ventre de la mère. Plus le taux d’ocytocine augmente, plus les contractions sont fortes, efficaces et longues. Mais attention, nous verrons plus tard qu’elle a besoin d’un contexte propice pour que son taux reste suffisant à la progression du travail des contractions… À la naissance, finalement, lorsque nous sommes déposés sur le ventre de notre mère ou sur son sein, nous assistons à un feu d’artifice d’ocytocine… C’est l’amour fou. Et avec le papa aussi qui peut produire également plein de ces petites hormones de l’attachement.
- L’ocytocine est également forte utile et importante dans l’allaitement. Car si c’est la prolactine qui produit le lait maternel, c’est grâce à l’ocytocine qu’a lieu la montée laiteuse et l’éjection du lait… Les pleurs du bébé suffisent à déclencher l’ocytocine et à faire venir le lait. Impressionnant n’est-ce pas?
Nous comprenons donc que dans tout le processus de la fécondation, de la naissance et du premier lien d’attachement avec le papa et la maman, nous lui devons une fière chandelle !
Parmi les hormones, l’ocytocyne est celle qui participe à l’intimité
Mais c’est n’est que le début :
- Grâce à elle, nous avons envie de nous rapprocher. Nous nous sentons plus en confiance avec l’autre. Nous nous sentons au calme et en sécurité.
- L’ocytocine est la reine du love. Lorsque nous faisons l’amour, elle est sécrétée à fond. Par nos baisers, le contact de la peau, les caresses, le plaisir partagé. Elle augmente même la température de la peau.
- Et nous lui devons le bonheur des orgasmes. Car elle entraîne, comme dans l’accouchement, en complicité avec la prostaglandine, des contractions de l’utérus. Tout en augmentant la force, la longueur et la fréquence de celles-ci pour atteindre un super taux lors de l’orgasme. Ce qui explique entre autres (mais évidemment pas que par cela) un attachement grandissant avec la personne avec qui nous vivons nos orgasmes.
Bref, merci ocytocine.
L’ocytocyne, hormone présente tout le temps !
La bonne nouvelle, c’est qu’elle est pleinement accessible dans tous les contextes. Que ce soit lors d’activités sexuelles et intimes ou de rencontre avec son nouveau bébé. Mais aussi lors de retrouvailles avec son grand ami, sa mère et pourquoi pas… sa belle-mère ! Parce qu’outre la sexualité et l’intimité, l’ocytocine est libérée par le toucher agréable et tendre en général ! Les massages, les caresses, les câlins ou les moments agréables. #43 je distribue de la tendresse.
En fait, il ne faut pas plus de 20 secondes à se faire des câlins pour produire tout plein d’ocytocine et bénéficier de ses vertus !
Ah oui, aussi ! Saviez-vous que l’ocytocine a un effet dit «anti-anxiolytique» (Lemay, 2017), c’est-à-dire contre l’anxiété ? Alors raison de plus pour se coller, se câliner, se serrer dans les bras… Et dormir nue la nuit contre son ou sa chérie!
L’ocytocine favorise le bien être
Il y a encore mille autres sources de sécrétion, comme l’explique Cécile de Williencourt dans son livre Trésor de Femme (édition Mame, 2020).
Par exemple prendre le temps de bien respirer dans un lieu où je suis bien. Peurer pour libérer un trop plein ou une émotion. Faire de l’exercice physique, être au chaud ou dans l’eau chaude comme dans un bon bain pour se détendre.
Se retrouver dans une ambiance qui nous met à l’aise. Se sentir écoutée, comprise, regardée avec bienveillance. Ou se sentir en harmonie avec soi ou les autres. Se retrouver dans une conversation qui nous plait, avec des mots tendres ou qui nous soutiennent. Tout cela libère des hormones dont l’ocytocine !
Mais si on lui doit bien des choses et qu’elle a des airs de reine, elle n’est toutefois pas la seule à être libérée et à faire tout le boulot du bien-être et de l’attachement ! On retrouve aussi ses meilleures copines, les endorphines.
Les endorphines, hormones du bien-être
Ces hormones de la relaxation agissent sur le cerveau comme des antidouleurs ou en procurant une sensation de bien-être (Lemay, 2017).
Fait étonnant : saviez-vous que les endorphines sont des hormones de même type que les opiacés (morphine, héroïne, etc.) et qu’elles ont une influence sur les mêmes récepteurs du cerveau ? Pas étonnant que leurs effets soient si recherchés, mais c’est totalement naturel et essentiel !
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Comment pouvons-nous favoriser notre production d’endorphine?
En nous retrouvant dans un environnement calme, où l’on se sent en confiance, en intimité. Le simple fait de respirer, bouger, tamiser les lumières… Cela augmentera sa sécrétion et son effet. Ou encore, être dans la nature, dans un lieu qui nous inspire et nous motive (bonjour la dopamine aussi !).
Habituellement, là où il y a de l’ocytocine, il y a de l’endorphine, car elles se baladent beaucoup ensemble.
Un écosystème d’hormones incroyable, mais fragile
Ces hormones sont sécrétées par le corps humain de manière involontaire. Dans le cerveau primaire (celui de nos ancêtres et de la survie de notre espèce), nos émotions existent grâce à la direction de l’hypothalamus. Il renvoie aussi des réponses émotionnelles. Cette glande incroyable existait à la base pour la survie de l’espèce.
Par exemple, si un lion me court après, j’ai peur et je m’enfuis. Elle a donc la caractéristique d’être facilement perturbée.
Il existe également d’autres glandes dans le système endocrinien qui sécrètent les hormones, comme les glandes surrénales qui produisent le cortisol (une hormone liée au stress).
L’ocytocine, une hormone timide
Michel Odent, obstétricien et gynécologue français, qualifie l’ocytocine d’hormone «timide». Parce que sa sécrétion est facilement inhibée par des facteurs extérieurs.
Par exemple, si j’ai vécu un événement douloureux dans le passé. Ou que j’ai certaines croyances et que je me retrouve dans une situation ou une attitude qui me rapportent à ces évènements ou à des sentiments négatifs (comme de la gêne, de la peur…), la production d’ocytocine dans mon organisme est largement affectée.
Prenons un exemple. Je passe une très mauvaise journée et je n’arrive pas à penser à autre chose qu’à cette fichue phrase que m’a dite ma collègue. Ou encore à mon patron ou à ce dossier stressant que je dois absolument terminer. A la fin de cette journée, il est fort probable qu’une fois au lit avec mon chéri, tant que je rumine ces pensées, mon taux d’ocytocine n’augmentera pas beaucoup. Et je ne me sentirai pas trop dans un moment d’intimité.
Même chose lorsque j’entre au restaurant pour passer du temps avec quelqu’un et que j’ai l’esprit ailleurs… Si je n’arrive pas à me détourner de ces pensées intrusives, je serai moins à l’écoute et moins présente dans le moment relationnel de qualité que nous tentons de passer. #83 j arrête de ruminer.
L’hormone de l’endorphine s’endort en cas de stress
Il en va de même pour l’endorphine. Meilleure copine de l’ocytocine, elle ne peut être sécrétée comme il se doit dans un environnement perturbant, insécure. Un climat de tension, de stress, de survie…
Pourquoi ? En bonne partie parce qu’une autre catégorie d’hormones, celle «du combat ou de la fuite» (Lemay, 2017), bloque et empêche la production d’ocytocine et d’endorphine. Il s’agit de l’adrénaline et de la noradrénaline, de la famille des catécholamines. Elles mettent l’organisme dans un tout autre état que de se coller et de se chouchouter. C’est pour le bien et la survie de l’espèce.
En effet, si une femme il y a des milliers d’années devait accoucher, elle se cherchait un lieu et un climat sécuritaire. Si une bête sauvage menaçait, le travail et les contractions provoquées par l’ocytocine avaient de fortes chances de s’arrêter. Elle se mettait à l’abri, en sécurité, dans un climat de calme. Et là, les petites hormones de l’amour et de la relaxation pouvaient de nouveau être sécrétées.
Il en va de même pour nous aujourd’hui. Le stress et l’adrénaline peuvent m’empêcher de passer un bon moment dans le canapé, de profiter d’une balade avec ma mère. Ou encore de me sentir dans ma bulle ou d’avoir un orgasme lorsque je fais l’amour.
Comment donner un coup de pouce à ses hormones ?
Maintenant, changeons de regard ! Allons comprendre comment, dans ma vie quotidienne mon couple et mes relations, je peux donner un coup de pouce à la nature. Et ainsi permettre à mon corps de sécréter à fond ces hormones qui font tant de bien au corps, au cœur et à l’âme.
Que faire quand je suis énervé/e ?
Supposons que je sois de nouveau dans mon lit le soir, au côté de mon chéri. Je rumine cette histoire de phrase lourde que m’a adressée mon patron ou ce dossier incomplet.
Certes, il n’y a pas beaucoup de place pour la sécrétion d’ocytocine et d’endorphine.
Mais si mon chéri me prend dans ses bras, que je me laisse un peu faire et que je lui rends son câlin. Ou que je lui raconte ce que cela me fait et qu’il m’écoute, bingo ! Je viens de redémarrer la machine à fond et mon sentiment d’attachement et d’amour n’en sera que grandi. Dans cette situation, c’est parce que je me suis sentie en confiance, écoutée, comprise. Et que sa main dans mon dos et la chaleur de nos peaux, tout ça, a libéré de l’ocytocine et de l’endorphine. En plus j’ai cloué quelques instants le bec aux hormones du stress et aux pensées négatives.
Autre exemple
Si je rentre éreintée du travail, que j’en ai marre, que « ça fait trop »… Je peux commencer par prendre un bon bain chaud pour aider mon corps à se détendre, diminuer mon cortisol et mon adrénaline et augmenter mon taux d’endorphine…
Dans cette situation de conflit avec ma mère, même si ça demande de marcher un peu sur mon ego, quoi faire ? Rien de mieux, une fois que la poussière est retombée, de se faire un looong câlin et de lui dire que je l’aime pour faire grimper notre taux d’ocytocine à toutes les deux.
Comment favoriser la production de l’hormone ocytocine
Le sentiment amoureux est complexe et ne s’explique évidemment pas que par une histoire d’hormones. En revanche, je peux lui donner un petit coup de pouce. Dans l’évolution naturelle de nos sentiments, une fois les émotions très fortes passées et les débuts qui rendent un peu «gaga», il peut être d’autant plus important et profitable de chercher à faire grandir le sentiment d’attachement et de proximité. Notamment par les câlins, les bisous, les paroles agréables et les moments d’intimités. Ils font sécréter toutes ces hormones du love et du bien-être.
Il en va de même dans mes relations amicales. Je comprends l’importance de serrer ma bonne copine dans mes bras pour la consoler ou pour la remercier. Évidemment toujours si elle le désire ! C’est important que cela reste agréable. On comprend mieux les dégâts collatéraux du Covid empêchant notamment pour les personnes âgées tout contact physique.
Autre exemple
C’est aussi écouter cet ami qui vit une séparation douloureuse. Lui donner l’espace pour pleurer au besoin, lui prendre la main. Ce sont des moments gratifiant et précieux.
Finalement, si j’ai des enfants petits ou grands, je n’hésite pas à câliner et câliner. A prendre des temps tendres et agréables. C’est plein d’ocytocine pour eux et pour moi !
Parce que le lien social, même si ce n’est pas toujours rose, est un grand cadeau. Et puis au passage, je me remplis de ces hormones qui font du bien et de mille autres petites choses. # 79 Je crée du lien social
La nature est si bien faite !
Allez hop, je me lance :
En résumé, grâce à mes hormones du bonheur
- Je prends soin de moi et des relations qui me sont chères
- Aussi je renforce mon tissu social et ma confiance en moi
- Je dis merci pour toutes ces hormones qui participent à mon bonheur et à la bienveillance.
A vous de jouer chers auditeurs ! Choisissez celui ou celle à qui vous allez faire un câlin de 20 secondes. Et goûtez ce moment à fond pendant que votre ocytocine et vos endorphines font la fête !
La petite mousse est pleine de bulles d’amour cette semaine et nous est servie par Christiane Singer. « Ne jamais oublier d’aimer exagérément : c’est la seule bonne mesure »
Avec Bulle de bonheur, prenez le temps d’être heureux !