Je dépense pour les autres… Je sors ma petite veste car le printemps arrive et je découvre dans ma poche un billet de 20 euros. La bonne surprise ! Comment vais-je le dépenser ?
J’achète les coloriages dont rêvent mes enfants, je passe chez le traiteur acheter un plat pour diner en tête à tête avec mon conjoint ? Ou je donne l’argent à un SDF que je croise régulièrement dans le quartier? Ou bien encore je m’achète une bricole qui me plait ? Et là ça me chicotte, quelle est la meilleure façon d’utiliser mon argent pour maximiser mon bonheur ?
Constat
Tellement d’expériences ont été réalisées autour de cette thématique de l’argent et du bonheur ! Y passer un podcast nous a paru une excellente idée ! Et regardons ensemble l’impact de nos dons financiers sur notre niveau de bonheur.
Une expérience de dépense
Commençons par une première expérience, menée par Dunn, Aknin et Norton, chercheurs américain en 2008. Ils ont abordé des personnes sur un campus universitaire. Ils leur ont donné un billet de 5 ou 20 dollars à dépenser avant la fin de la journée. La moitié des participants devaient dépenser l’argent pour eux-mêmes (« dépenses personnelles« ). L’autre moitié le dépenser pour quelqu’un d’autre (« dépenses prosociales »).
Ce soir-là, les personnes qui avaient été chargées de dépenser l’argent pour quelqu’un d’autre ont déclaré avoir été de meilleure humeur au cours de la journée. Alors que celles chargées de dépenser l’argent pour elles-mêmes l’étaient moins. Il est intéressant de noter que la quantité d’argent reçue n’avait aucune incidence sur leur niveau de bonheur.
Cependant, lorsque ils ont décrit l’expérience à d’autres participants, leurs prédictions étaient doublement fausses. Ils pensaient qu’ils seraient plus heureux en dépensant plus d’argent (20 $ contre 5 $). Et qu’ils seraient plus heureux en le dépensant pour eux-mêmes.
Ainsi, les choix quotidiens des gens en matière de dépense peuvent être guidés par des intuitions erronées sur la relation entre l’argent et le bonheur.
Le bonheur de donner est-il universel ?
Les premières recherches sur la dépense pour les autres (dites dépenses prosociales) et le bonheur ont été menées en Amérique du Nord. Bien sûr dans ce pays occidental, où le niveau de vie est acceptable !
Par conséquent, nous pourrions émettre une hypothèse. Les avantages émotionnels du don pourraient être atténués ou éliminés dans certains pays. Ceux où de nombreuses personnes luttent encore pour satisfaire leurs propres besoins fondamentaux.
Si toutefois les gens tirent des avantages émotionnels de leurs dépenses prosociales, même dans les pays les plus pauvres, cela prouverait une chose. C’est que la lueur chaleureuse du don pourrait être une composante fondamentale de la nature humaine.
Don de charité et bonheur
Aknin et al. (2013) ont examiné la corrélation entre les dons de charité et le bonheur dans 136 pays.
Dans 120 des 136 pays, il y avait une relation positive entre les dons et le bonheur. Tout en tenant compte du revenu et d’autres variables démographiques. Et cette relation était significative dans une majorité de pays.
La force de la relation varie d’un pays à l’autre. Cependant, les individus des pays pauvres comme des pays riches ont déclaré être plus heureux s’ils s’engageaient dans une dépense prosociale.
Expérience au Canada et en Afrique du Sud sur la dépense
Ces chercheurs sont allés plus loin et ont mené une expérience à la fois au Canada et en Afrique du Sud. Les participants ont eu la possibilité de dépenser de l’argent pour acheter un » sac à surprises » rempli de friandises (comme du chocolat).
La moitié des participants étaient informés qu’ils recevraient le sac de friandises qu’ils avaient acheté (dépense personnelle). Et l’autre moitié était informée qu’un enfant malade dans un hôpital local recevrait le sac de friandises (dépense prosociale).
Les participants qui ont acheté un sac cadeau pour un enfant malade ont déclaré être d’humeur significativement plus heureuse que les participants qui ont acheté le même sac cadeau pour eux-mêmes.
Ce résultat est particulièrement incroyable. En effet, plus de 20 % de l’échantillon sud-africain a déclaré ne pas avoir eu assez d’argent pour acheter de la nourriture pour lui-même ou sa famille au cours de l’année précédente.
Ces résultats suggèrent que la capacité à tirer de la joie du don pourrait être une caractéristique universelle de la psychologie humaine.
Les critères qui augmentent notre niveau de bonheur lors d’un don
Faisons le lien entre la théorie de l’autodétermination et le don que nous avons abordé dans nos podcasts #125 et #126 sur la motivation et l’engagement.
Selon cette théorie, le bien-être humain dépend de la satisfaction de trois besoins fondamentaux. La relation, la compétence et l’autonomie.
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Lien social et don
Aider les autres peut être plus gratifiant sur le plan émotionnel lorsque cela satisfait le besoin fondamental de lien social.
Conformément à cette idée, les individus sont plus heureux lorsqu’ils dépensent de manière prosociale. Le don leur donne ainsi l’occasion d’établir des liens avec d’autres personnes.
Aknin, Dunn, Sandstrom, & Norton, 2013) ont mené une autre étude pour corroborer cette idée. Les participants ayant reçu une carte-cadeau Starbucks de 10 dollars étaient plus heureux s’ils la dépensaient pour un ami plutôt que pour eux-mêmes. Mais seulement s’ils prenaient le temps d’aller au Starbucks avec leur ami.
D’autres recherches suggèrent que nous sommes plus heureux lorsque nous dépensons de l’argent pour des personnes proches plutôt que pour des connaissances. Peut-être parce que les relations proches sont particulièrement importantes pour satisfaire le besoin d’appartenance.
Compétence et don
Les dépenses prosociales sont plus susceptibles de satisfaire le besoin de compétence lorsque les gens peuvent voir combien leurs actions généreuses ont fait une différence.
Ainsi, les individus peuvent ressentir un plus grand bonheur en donnant à des organisations caritatives qui permettent de voir facilement l’impact positif des dons.
Par exemple
Prenons 2 associations caritatives. Elles se consacrent à l’amélioration de la santé des enfants dans les régions pauvres du monde. L’une d’elle offre une promesse claire et concrète. Pour chaque don de 10 euros, l’organisation fournira une moustiquaire pour protéger un enfant exposé au paludisme.
En faisant ce don avec cette promesse claire, vous ressentirez plus de bonheur qu’en donnant à une association qui a un message plus neutre.
Les gens tirent un plus grand bonheur d’une dépense prosociale lorsqu’ils ont le sentiment d’être des aidants efficaces et compétents dont les actions ont fait une réelle différence.
Autonomie et don
Le besoin d’autonomie est satisfait lorsque les gens ont le sentiment que leurs actions sont librement choisies. Les bénéfices émotionnels d’une dépense prosociale devraient être plus importants lorsque les gens ont le choix de donner ou non.
À l’intérieur d’un scanner, les personnes ont montré une plus grande activation dans les zones de récompense du cerveau lorsqu’elles faisaient un don à une organisation caritative locale. Bien plus que lorsqu’un don était requis (Harbaugh, Mayr et Burghart, 2007).
Weinstein et Ryan (2010) ont montré que les gens étaient d’humeur plus heureuse lorsqu’ils donnaient plus d’argent. Mais seulement s’ils avaient le choix de la quantité à donner. Lorsque les participants avaient le choix, le fait de donner plus d’argent les amenait à se sentir plus autonomes. Mais aussi plus liés et compétents.
L’effet du don sur le bonheur était médiatisé par la satisfaction globale des trois besoins fondamentaux. Ce qui montre que ces besoins sont profondément liés.
Avantages émotionnels des dépenses
Dans l’ensemble, cette recherche suggère une chose. Les avantages émotionnels des dépenses prosociales sont susceptibles d’être plus importants lorsque le don satisfait les besoins de relation, de compétence et d’autonomie.
Lorsque les dépenses prosociales ne parviennent pas à accroître le bonheur – dans la vie de tous les jours ou dans le cadre d’une expérience psychologique – posez-vous une question.
Demandez-vous si l’occasion de donner ne pourrait pas être repensée. Cela augmenterait la probabilité qu’un ou plusieurs de ces besoins soient satisfaits. En procédant ainsi, les organismes de bienfaisance peuvent maximiser les avantages émotionnels du don pour leurs donateurs. Ils augmentent potentiellement la probabilité de dons répétés. Plus les gens se sentent heureux lorsqu’ils réfléchissent à leurs dépenses prosociales précédentes, plus ils sont susceptibles de dépenser pour d’autres personnes à l’avenir (Aknin, Dunn, & Norton, 2012).
Les bénéfices de la dépense au-delà du bonheur
Alors que le bonheur est le plus souvent évalué par de simples mesures d’auto-évaluation, les avantages des dépenses prosociales peuvent être détectés dans le cerveau et le corps.
Les dépenses prosociales produisent une activation dans les zones de récompense du cerveau. Et les conséquences émotionnelles des dépenses prosociales produisent une cascade de conséquences physiques.
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Sur le niveau de stress
Dans le contexte d’une grande classe. Des élèves ont reçu 10 $ et ont appris qu’ils pouvaient donner autant qu’ils le souhaitaient à un autre élève de la classe qui n’avait pas reçu d’argent (Dunn, Ashton-James, Hanson et Aknin, 2010). Plus les élèves donnaient d’argent, plus leur humeur était joyeuse après coup, en tenant compte de leur bonheur préalable.
À l’inverse, plus les élèves gardaient de l’argent pour eux, plus ils avaient honte. Et plus ils avaient honte, plus leur taux de cortisol, une hormone du stress liée à divers problèmes de santé, était élevé.
Ces résultats suggèrent que les décisions de dépenses quotidiennes peuvent avoir une influence sur la santé.
Bien qu’une seule décision de dépense ait probablement des effets de courte durée sur les processus biologiques, ces décisions peuvent s’accumuler au fil du temps. Et ainsi influencer des résultats importants en matière de santé. Les personnes âgées qui déclarent donner plus d’argent et d’autres ressources aux autres présentent un meilleur état de santé général. Cela va d’une diminution des troubles du sommeil à une meilleure audition, même après contrôle d’un large éventail de variables. (Par exemple, le sexe, le revenu, la mobilité physique ; Brown, Consedine et Magai, 2005).
Pour l’anecdote !
Une recherche expérimentale montre que les dépenses prosociales peuvent augmenter la force physique. Après avoir fait un don à une œuvre de bienfaisance, les participants étaient capables de serrer une poignée de main pendant plus de vingt secondes de plus que les témoins (Gray, 2010)…
En résumé
1 – Dépenser de l’argent pour les autres peut constituer un moyen plus efficace d’accroître notre propre bonheur.
2 – Que l’on soit jeune ou vieux, pauvre ou riche où n’importe où dans le monde cette théorie se vérifie.
3-Lier un don à un lien social est plus qu’une addition !
Donc l’un des meilleurs moyens d’obtenir le plus grand bénéfice personnel d’un billet de 20 euros retrouvé dans sa poche est de le dépenser pour les autres !
La petite mousse est généreuse et orientale cette semaine et nous arrive de Chine avec ce proverbe « De même que le fleuve retourne à la mer, le don de l’homme revient vers lui. »
Avec Bulle de bonheur, prenez le temps d’être heureux !