Je ne supporte plus nos disputes avec mon mari, c’est toujours la même chose… À chaque fois que nous sommes en désaccord, il est complètement passif, il ne dit rien, il est mutique. Et lorsque je commence à m’énerver et que la tension monte…il quitte la pièce… Et ça, je ne le supporte pas ! Je veux qu’il réagisse, je préfèrerais même qu’il m’engueule… Alors c’est moi qui finis par crier et par me mettre dans tous mes états.

Et après, je me déteste… J’ai l’air d’une harpie quand je suis comme ça… je déteste jouer ce rôle… Quand j’y repense, je n’aime pas du tout l’état dans lequel je me mets… J’aimerais que mon mari change, qu’il me dise ce qu’il pense, ce qu’il ressent… Je me sens tellement mal lorsque nous nous disputons et j’ai l’impression que c’est toujours le même mécanisme et que cela finit par abîmer notre relation. Nous n’arrivons plus à nous parler normalement. J’ai peur que notre relation se dégrade vraiment, qu’on finisse par s’éloigner l’un de l’autre et qu’on ne se parle plus du tout.

Et là ça me chicotte… Les conflits sont-ils dangereux pour la relation ? Sont-ils obligatoirement néfastes ? Ou bien peuvent-ils être des occasions de mieux se connaître, d’évoluer, de voir les choses autrement ?

Les travaux de Linda Bérubé sur le conflit avec les proches

Linda Bérubé, d’abord travailleuse sociale puis thérapeute familiale, fut une pionnière de la médiation familiale au Québec et en Europe. Elle a fondé plusieurs centres de médiation et organise des colloques internationaux dans le domaine de la médiation. Elle est aussi l’auteur de deux livres : “Guide de la médiation familiale, étape par étape”, et “Rompre sans tout casser”,

Linda Bérubé est également formatrice à la Faculté de Droit à l’Université de Sherbrooke, ainsi qu’à l’Université Paris-Ouest, Nanterre.

Elle nous explique que les recherches démontrent que ce ne sont pas les conflits, en tant que tels, qui sont nocifs, car les conflits font partie de la vie, tout le monde en vit !

Ce qui peut être destructeur c’est la manière que nous utilisons pour régler ces désaccords.

Donc, il serait important et utile de s’arrêter quelques minutes sur les moyens que nous pouvons employer pour résoudre nos conflits, pour nous aider à avancer plutôt qu’à nous détruire.

Pour la plupart, le réflexe sera de se défendre pour éviter de se faire avoir ou encore de céder pour éviter le conflit.

Certains vont tenter de faire des compromis pour conserver un bon climat dans leurs relations.

Votre réaction dépendra de la manière dont vous avez appris à réagir en situation de dispute.

Même si le conflit est la plupart du temps désagréable à vivre, se pourrait-il qu’il soit une réelle opportunité pour le changement et l’amélioration de la qualité de la relation entre deux personnes ?

Si vous commenciez par mieux vous connaître pour apprendre à gérer les conflits ? Ça vous dit ?

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Des questions à se poser sur le conflit

Plus vous vous connaîtrez bien, mieux vous serez en relation avec les autres.

C’est parti !

D’abord, deux questions à vous poser lorsque vous entrez en conflit avec quelqu’un :

  1. Qu’est-ce que je veux ? Ce que je veux compte-t-il vraiment pour moi ?
  2. Que représente l’autre pour moi ? Cette personne avec qui je suis en conflit compte-t-elle vraiment pour moi ?

Par exemple pour la question 1, si vous êtes en conflit pour une histoire de lave-vaisselle mal chargé et que vous vous disputez sur vos façons d’ordonner couverts, assiettes et verres…

Votre mari mélange couteaux et fourchettes dans le bac à couverts alors que vous, vous préférez les trier directement lorsque vous remplissez le bac… Est-ce que le fait de vouloir que le lave-vaisselle soit rangé selon votre méthode est vraiment essentiel pour vous ? Et pourquoi ? Est-ce que le fait que le temps utilisé pour trier les couverts soit en amont ou en aval du lavage, compte vraiment pour vous ?

Pour la question 2, si vous êtes en conflit avec votre conjoint ou votre collègue de travail, le rapport au conflit sera complètement différent. Plus la personne est proche affectivement, plus le conflit peut faire mal. Eh oui, nous accordons plus d’importance à la relation entre notre conjoint ou bien à un proche parent qu’une relation avec un collègue de travail par exemple.

Nous accorderons donc plus d’importance à vouloir réparer la relation avec son conjoint. Avec son collègue, on peut l’éviter ou avoir une relation de moindre qualité… cela importe moins.

Et selon les réponses à ces deux questions, vous adopterez des stratégies différentes.

Nos stratégies en cas de conflit selon Linda Bérubé

Quelle stratégie adoptez-vous spontanément en situation de conflit ?

Linda Bérubé en dénombre 5 :

  1. La stratégie du requin dangereux ?
  2. La stratégie de l’ourson en peluche docile ?
  3. Ou encore la stratégie de la tortue peureuse ?
  4. La stratégie du renard rusé ?
  5. Ou la stratégie du hibou sage ?

Êtes-vous plutôt le requin qui crie et qui veut gagner ?

Ou l’ourson qui plie et qui est prêt à céder pour sauvegarder la relation ? Ou alors, êtes-vous la tortue qui fuit et qui accepte de tout perdre ?

Si vous vous retrouvez dans l’un de ces 3 cas, c’est que vous évitez la communication. Ces stratégies manquent d’efficacité pour trouver des solutions et sortir de la dispute. Au contraire, elles creusent un fossé encore plus grand entre vous et la personne avec qui vous êtes en conflit.

Ou bien, êtes-vous le renard qui accepte de faire des compromis ? C’est automatique, vous coupez la poire en deux. Pour cela, vous devez communiquer avec l’autre, c’est le début du travail de coopération. Si vous êtes le hibou, c’est que vous prenez le temps de négocier pour les choses que vous jugez importantes. Vous vous donnez pour objectif d’atteindre vos buts essentiels tout en aidant l’autre à faire de même. Cette attitude assure le maintien d’une bonne relation entre vous et l’autre.

De quelle façon aimeriez-vous avoir une belle relation ?

Une fois que vous avez repéré votre stratégie, demandez-vous de quelle façon vous voudriez être en relation avec votre conjoint…

Linda Bérubé décrit 4 façons d’être en relation du plus positif au plus néfaste :

  • Les grands amis. Ne dit-on pas que notre conjoint est notre meilleur ami avec lequel nous partageons notre intimité ?
    Le socle de l’amour durable est une amitié profonde entre les conjoints. # 238 Amour durable
    Les grands amis, en cas de discorde, se respectent, essaient de se comprendre, développent une attitude d’empathie lors des conflits pour essayer de rejoindre l’autre dans ce qu’il vit. Ils font des compromis lorsque cela est nécessaire. Ils n’essaient pas de changer l’autre mais plutôt d’accepter les différences.

 

  • Les collègues. Parfois, je rencontre des couples qui finissent par se comporter comme s’ils étaient collègues. Ils collaborent et coopèrent mais avec beaucoup d’efforts, ça ne va pas plus loin.

 

  • Les associés en colère. Lorsque vos stratégies sont requin, ourson ou tortue, alors l’amertume s’immisce petit à petit dans votre cœur. Les désaccords ne sont pas réglés et bien souvent, cela commence par créer des dégâts collatéraux, notamment sur les enfants si vous en avez.

 

  • Les ennemis jurés. Parfois, lorsqu’un couple laisse les disputes et les problèmes de communication s’enliser pendant des années, la relation se dégrade vraiment. Peu à peu, ils deviennent comme des ennemis, incapables de gérer leur relation au quotidien et avec des difficultés à assumer la responsabilité parentale tant la souffrance est grande.

 

Pour éviter cette dégringolade relationnelle

La première étape est donc de repérer quelle est votre stratégie principale lorsque vous vivez des conflits avec votre conjoint. Et repérez également quelle est sa stratégie à elle/lui. Une fois que vous avez tous les deux conscience de vos fonctionnements respectifs… alors c’est là que peut commencer le changement !

Connaître son “totem” est aussi une manière de dédramatiser le conflit… Se donner un petit nom pour repérer nos mécanismes, peut permettre de prendre du recul et de différer la discussion si celle-ci se transforme en conflit tendu. Mais attention à ne pas enfermer l’autre sous une étiquette ! Laissez-lui la possibilité d’évoluer !

Si vous commencez à mieux vous connaître et à apprendre à devenir un hibou sage…alors votre conjoint, peu à peu, changera lui aussi !

Lorsque vous commencez à bouger vous-même, c’est votre système conjugal qui bouge tout entier.

Vous n’avez pas le pouvoir de changer l’autre. C’est une perte d’énergie et de temps considérable de rêver d’avoir un conjoint idéal et différent de ce qu’il est. En revanche, vous avez le pouvoir de mieux vous connaître, vous, et de changer vos comportements. L’impact positif sera immédiat sur votre conjoint et vos conflits ne seront plus vécus de la même façon…

Une autre étape est de commencer par changer votre regard sur le conflit.

Dédramatisez-le en vous disant que les conflits font partie de la vie, on ne peut les éviter, c’est donc normal d’en avoir !

Ça n’est pas possible de ne jamais avoir de conflits et si c’était le cas, cela voudrait dire que vous seriez sans doute une tortue peureuse qui fuit les relations dès que vous vous sentez mal à l’aise.

Et même si les conflits sont désagréables, n’oubliez jamais que, les émotions désagréables, ne sont ni bonnes ni mauvaises. Ne vous jugez pas en les ressentant…

Elles sont juste des messages qui vous disent qu’il y a quelque chose à apprendre et que tout est prêt pour franchir une étape dans la relation.

Enfin, osez vous faire aider ! Parfois, lorsque ces conflits se transforment en véritable crise de couple, faites appel à un médiateur familial, un conseiller conjugal ou un thérapeute de couple…

Cette démarche fait peur… et pourtant, si vous saviez à quel point cela fait du bien de ne plus rester seul pour traverser une crise…

Le seul risque que vous prenez en rencontrant un professionnel, c’est celui de découvrir à quel point vous avez des ressources extraordinaires que vous ne connaissez pas encore. C’est aussi ouvrir des perspectives que vous n’auriez pas imaginées seul(e) et qui vous permettront d’avancer dans votre vie !

Comment bien m’entendre avec mes proches et éviter le conflit

Et si vous écoutiez ce podcast avec votre conjoint, à un moment propice où vous êtes détendus ? Après l’avoir écouté, si vous vous amusiez à trouver votre totem en situation de conflit ? Demandez-lui comment il/elle vous perçoit et comparez la manière dont vous vous percevez, vous.

Discutez-en, comme un jeu, avec beaucoup de bienveillance mutuelle, c’est à dire sans reproches… Et si vous aimez rire, n’hésitez pas à utiliser l’autodérision, votre imagination et l’humour… L’humour fin et délicat, pas l’humour vache !

La prochaine fois que vous allez vivre un conflit… demandez-vous intérieurement : “est-ce que je veux bien me défendre ou bien je veux bien m’entendre avec elle/lui ?” Rappelez-vous de vos stratégies spontanées. Si les émotions sont trop envahissantes, différez la discussion le temps que cela s’apaise chez chacun puis prenez un temps pour revenir dessus avec le recul nécessaire. #63 Gérer les conflits

En comprenant que chacun, vous avez développé une stratégie particulière face au conflit, vous pouvez alors comprendre que l’autre ne réagit pas contre vous, mais parce qu’il ne sait pas qu’il y a d’autres moyens de vivre les conflits. Il reproduit ce qu’il connaît et ce qu’il a vu enfant. Ces stratégies sont bien souvent des mécanismes de l’enfance calqués sur un modèle familial.

Alors, prêts à parier sur l’amour et à prendre le risque de vivre plus heureux ?

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Finalement, comment gérer paisiblement ses conflits ?

  • Avoir une bonne qualité relationnelle
  • Devenir un renard rusé puis un hibou sage
  • Être une opportunité pour grandir.

A vous de jouer, chers auditeurs, la carte de 2 minutes de bonheur vous pose cette question : lorsque vous vivez une tension, souhaitez-vous bien vous défendre ou bien vous entendre ?

Ce podcast a été réalisé grâce à la coopération de Solange d’Regel – Médiatrice s.dregel@gmail.com 06 61 55 71 01

La Petite Mousse de 2 minutes de Bonheur

“Les conflits ne sont pas à craindre mais à résoudre. Ils sont une chance d’apprendre et d’évoluer.”

 

Nelson Mandela

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