Être parent… Je ressens des émotions tellement intenses ! Presque contradictoires. À la fois, je me sens submergée d’amour en regardant cet enfant que nous venons de mettre au monde, à la fois je suis prise de vertige et de peurs. Serai-je un bon parent ? Comment vais-je assumer cette responsabilité ? Je me sens si maladroite et dépassée. Et malgré mon bonheur, je me sens coupable d’avoir envie de retourner passer mes soirées librement comme bon me semble.
Et là ça me chicotte… Ce mélange de joie, de fierté, de culpabilité me déstabilise, je ne me reconnais plus ! Que faire de ce cocktail d’émotions ? Pourquoi devenir parent me met dans un tel état ?
Devenir parent : une naissance autant pour l’enfant que pour les parents
La naissance d’un bébé n’est pas seulement bouleversante pour lui. Ce nouvel être, ce nouvel état vient ébranler profondément notre personne entière, notre couple aussi ! Saviez-vous que cela porte un nom ? La matrescence et la patrescence.
Issue de la contraction des termes maternité et adolescence (Alternative Naissance, 2022 et Alexandra Sacks, psychiatre de la reproduction), la matrescence est un nouveau concept dans la psychologie. De la même manière que nous avons traversé l’adolescence comme une étape de vie transitoire (physiquement, psychiquement, psychologiquement, etc.), nous traversons aussi cette phase transitoire marquée lorsque nous devenons mère… et père ! Eh oui, le concept de patrescence est tout aussi réel.
Définition et expérience de la matrescence
Rappelez-vous de vous adolescence… À l’adolescence nous nous sentons un peu «bizarre». Les hormones sont à fond, nos questionnements aussi, sur la vie, sur nous-même, notre rôle, notre identité. Il y a des fluctuations d’humeur parfois marquées, des fluctuations corporelles, des changements intenses. En fait, il se passe la même chose lorsque nous attendons et accueillons un être humain dans notre monde, dans la vie !
Nous nous sentons « étrange », il est question de fluctuations corporelles, hormonales intenses, d’humeurs, d’ambivalence. L’analogie de l’adolescence est un excellent chemin pour réaliser à quel point la transition à la parentalité est bouleversante et ce pourquoi ce concept de matrescence est fondé.
La matrescence touche toutes les sphères de la vie
Saviez-vous qu’à la naissance d’un enfant, notre cerveau est littéralement modifié ? La parentalité a donc un axe neuroscientifique. Certaines zones d’émotions sont activées ou amplifiées. Ce n’est pas rien. C’est pour cela que l’arrivée d’un nouvel enfant est un moment de très grande vulnérabilité. Qu’elle soit, personnelle, émotionnelle, affective, relationnelle, physique ou psychologique.
Toutes les sphères de notre vie subissent un bouleversement sur lequel nous n’avons aucun ou peu de contrôle. Si ce n’est que de s’outiller et d’accueillir ces émotions. Je peux par exemple ressentir un sentiment de panique en regardant mon bébé, quelques jours après la naissance, en réalisant que j’ai mis au monde ce petit être. Et réaliser qu’il est maintenant complètement dépendant de moi, que je ne peux plus me défiler. Certes, l’expérience de la parentalité est une richesse, l’un des plus grands trésors, mais elle est aussi l’entrée dans une relation d’amour et de responsabilité envers un autre être humain que nous avons mis au monde. Et ça, c’est très beau et vertigineux en même temps.
Être un mauvais parent
Parfois, c’est aussi le sentiment d’être une mauvaise mère, de ne pas être à la hauteur, devant certaines pensées et émotions. Par exemple, durant quelques instants, je me suis dit. Comme j’aimerais pouvoir retourner passer des soirées avec mes copines et laisser mon bébé. Mais ! Qui pense à abandonner son bébé comme cela ? Je suis une mauvaise mère », puis-je me dire…
Et pourtant, non. Loin d’être un mauvais parent, nous traversons simplement des prises de consciences… et des deuils ! Car oui, la nouvelle vie de parents vient avec son lot de nouveautés, de bonheur, d’amour inconditionnel. Mais elle vient aussi avec, comme dans tout passage, certains deuils, certains renoncements. C’est normal de se sentir triste ou d’avoir la nostalgie. Ces émotions qui vont dans tous les sens, nous les appelons, ambivalences. Par exemple, je n’aurais envie que d’une chose, dormir ! Et pourtant, j’ai juste envie de passer du temps avec mon bébé H24 !
Après la naissance, comment accueillir le torrent d’émotions ?
La jeune accouchée a le cœur entre deux chaises !
Grâce à l’ocytocine libérée en quantité astronomique juste après l’accouchement, le cerveau reçoit un message du genre : « ce bébé est maintenant le centre de ton monde » ! Ceci, parce que ce bébé ne peut vivre sans la chaleur et les soins d’une mère. Ainsi, le corps et le psychique passent en mode « parent », pour que le petit ait le plus de chance de vivre.
Mais en même temps, dans son esprit, la maman sait bien qu’elle a une identité et qu’elle est n’est pas « que » ce bébé. Elle a d’autres relations, d’autres intérêts, une vie intérieure, une vie sociale, peut-être un travail. Et surtout des besoins physiologiques de base, elle aussi : dormir, manger et bien d’autres.
Ainsi, tout son être est comme tordu entre ces deux messages qu’elle reçoit, ce qui créé ce si grand sentiment d’ambivalence parfois. C’est ce que j’explique dans mon coffret 1Temps Pour Soi maternité.
Ce phénomène est d’autant plus normal et même biologique.
Un soutien doux et rassurant pour traverser le post partum plus sereinement !
C’est le pari du coffret de communication 1 temps pour Soi® Maternité
Devenir parent a besoin d’un temps d’adaptation
Les quelques semaines après la naissance
Selon la psychologue Heng Ou, les premières semaines de départ de la famille se déclinent en 4 phases:
- L’atterrissage (J1-7). Juste après l’accouchement, une grande intensité et un grand atterrissage. Le temps se suspend. Nous nous sentons presque dans une autre dimension. Nous apprivoisons tout doucement ces premiers instants.
- Le démarrage (J8-15). Nous commençons à connaître notre petit. Nous voilà lancés dans l’aventure de la parentalité. Déjà une semaine que l’accouchement a eu lieu. Le temps passe vite. Le corps se remet lentement. Nous apprivoisons cette vie nouvelle à la maison avec notre nouveau petit.
- La nouvelle « normalité» (J16-22). Notre être tout entier réalise et prend conscience que ce nouvel être fait maintenant partie intégrante de notre réalité « normale » et ce pour toujours.
- À la recherche du bon rythme (J24-40). Une fois la folie et l’euphorie du début passées, nous cherchons à ajuster notre vie pour ce premier trimestre.
Ces étapes laissent voir que chaque moment porte une dynamique particulière, surtout au début.
Le 4e trimestre une réalité à prendre en compte
Le saviez-vous ? Les professionnelles en périnatalité parlent de plus en plus de l’existence d’un 4e trimestre. Le jour où le bébé naît, tout est loin d’être fini. Le corps de la mère doit « dé-gestationner », reprendre son état « normal ». Et cela est loin de se faire en quelques jours. Si on accorde environ 3 mois de post-partum pour que physiquement la mère se remette totalement de l’accouchement, certaines prendront plus ou moins de temps et il n’est pas du tout question ici, d’une remise en état psychique… Cela peut parfois durer 6 mois, un an, voire plus. Ne nous enfermons pas dans un laps de temps « comme tout le monde ». Chacun grandit dans cette nouvelle expérience de parentalité, à son rythme, avec ce qu’il a et comme il peut. Certain disent même que le post-partum dure… 3 ans !
Évidemment, il peut être d’autant plus difficile de vivre cela avec un retour au travail et de composer avec tous ces changements. Il fait bon être doux et bienveillant avec nous-même et notre conjoint.
Dépression post-partum et soutien essentiel
Il peut arriver que cette étape de transition à la parentalité nous apparaisse comme une crise (Podcast #162 Je tire le meilleurs de mes crises). Parce que nous sommes vulnérables et que nous pouvons nous sentir submergée, presque noyée par tous ces changements soudains.
L’accouchement peut aussi avoir laissé des marques douloureuses, autant au niveau physique que psychologique. La dépression post-partum arrive et ce n’est pas une honte. En identifiant des indices qui me posent question, je peux trouver rapidement des ressources pour me sentir soutenue. Et ainsi, soit la prévenir, soit la soigner. Le meilleur moyen de traverser cette transition devenue crise est de s’entourer des bonnes personnes. Si ce n’est pas un membre de ma famille, ce sera une personne de confiance ou une professionnelle. Ne restons pas seuls comme nouveau père et nouvelle mère. Nous sommes fait pour vivre en clan, en groupe (Ingrid Bayot, 2022).
Il peut être bénéfique de faire la différence entre le baby-blues et la dépression post-partum (ACOG, 2019)
Le baby-blues
C’est un « sentiment de tristesse, de peur, de colère ou d’anxiété » que je ressens à partir de 3 jours après l’accouchement, Cela dure d’une à deux semaines. Plusieurs mamans traversent le baby blues après la naissance, notamment à cause de la chute si drastique du taux hormonal de progestérone et de l’intensité du moment.
Dépression post natale ou post partum
Il est question de dépression post-partum ou postnatale lorsque ces sentiments s’intensifient, que je peux même ressentir du désespoir et que tous ces indicateurs perdurent et m’empêchent de fonctionner dans ma vie quotidienne.
Il existe des ressources pour vous aider si vous ressentez de la détresse psychologique comme parents. N’hésitez jamais à demander de l’aide.
Vous pouvez consulter le portail Ensemble pour l’Éducation.
La patresence, ça existe
Tout ce que nous venons de nommer ne touche certainement pas que les mères. Cela peut aussi être vécu, même si moins intensément au niveau biologique, par l’autre parent. Les papas peuvent vivre ce sentiment d’ambivalence, ces deuils, ces paniques, ces états de grands bonheurs et de grands vertiges. La dépression post-partum existe aussi chez les jeunes pères. Ils portent souvent d’ailleurs le poids et la pression d’être un ancrage et de rester le pilier dans toutes les tempêtes. Pourtant ils ne peuvent pas être le garant de tous les besoins de la nouvelle maman et de leur petit. Les papas aussi ont besoin d’aide à la maison, dans les tâches matérielles. Ils ont aussi besoin d’écoute et de soutien émotionnel. Ils sont aussi vulnérables à travers l’arrivée d’un nouvel enfant.
« Comme avant »
Il est difficile parfois de réaliser qu’avec l’arrivée d’un enfant, les choses ne seront plus jamais comme elles étaient. Cela dit, c’est loin d’être négatif. C’est juste différent.
Des conditions extrêmes qui mettraient à bout de souffle n’importe quel athlète !
Devenir parent est un passage intense et les conditions sont plus qu’extrêmes. Imaginez ! Je deviens parent, par moi-même, avec ma personne, sans aucun mode d’emploi. Aujourd’hui, nous sommes d’autant plus confrontés dans notre société à une solitude comme nouvelle mère et nouveau père. Nous n’avons pas ce village pour nous aider. C’est pour cela qu’il est si important de construire son propre village. Et de prendre et laisser ce qui nous semble bien ou moins bien parmi les conseils que nous recevons de notre entourage. Personne ne veut mal faire. Certaines personnes peuvent même être très compétentes. Mais n’oubliez pas : personne ne connaît votre bébé mieux que vous-même.
Adieu la culpabilité ! La matrescence, comme l’adolescence est une période intense et importante. Je comprends que la traverser n’est pas toujours facile. Mais qu’elle me permet d’approfondir ma nouvelle identité de mère ou de père. Je ne peux que faire de mon mieux ! Ce dont mon bébé a le plus besoin, c’est de mon amour, de ma proximité et de ma chaleur.
Allez hop je me lance ! Devenir parent c’est
- une nouvelle naissance aussi pour la mère… et le père !
- un flot d’émotions et de pensées ambivalentes
- créer autour de soi un village pour être entourés
À vous de jouer chers auditeurs :
Cette semaine, la carte de 2 minutes de bonheur nous propose de dessiner sur une feuille votre petit village et nommer les personnes qui vous soutiennent et dont vous avez besoin pour traverser votre matrescence ou votre patrescence.
Petite mousse de la semaine pour un parent
La petite mousse est la merveille de la semaine et nous vient de Jostein Gaarder :
«Naître, c’est recevoir tout un univers en cadeau.»