Développer son assertivité n’est pas la compétence que l’on recherche en premier quand il s’agit de personnalité. Pourtant l’assertivité est une qualité que vous pouvez acquérir et qui vous rendra grand service. J’ai du mal à m’affirmer. Encore une fois je me retrouve avec la patate chaude des cadeaux communs pour Papa et Maman. Encore une fois, je n’ai pas réussi à refuser. En plus, j’avais repéré quelque chose de vraiment chouette pour Maman mais ma sœur était tellement sûre de son fait avec son idée de foulard, que je n’ai même pas osé proposer autre chose.
Pourtant à la maison, il m’est souvent reproché mon autoritarisme et ma manière d’imposer visites familiales, activités en famille et autres sorties avec des amis.
Et là, ça me chicotte ! Sur ces deux tableaux pourtant inversés, je vois bien que mes relations avec les autres pâtissent de mon attitude. Je suis soit trop écrasante soit trop effacée. Comment remettre de l’équilibre dans tout ça et réussir à s’affirmer et se faire respecter sans empiéter sur l’opinion des autres ?
Qu’est-ce que l’assertivité ?
Définition et origine du concept
L’assertivité est un mot issu du latin adserere – affirmer. En anglais, nous parlons d’assertiveness qui renvoie à l’affirmation de soi, la capacité à faire valoir ses droits ou ses opinions dans un groupe. Être assertif c’est être capable de respecter son propre point de vue et de l’exprimer tout en respectant celui de l’autre.
C’est un concept qui nous vient d’un psychologue américain Andrew Salter et repris plus tard par un psychiatre américain lui aussi, Joseph Wolpe, qui décrivait cette attitude comme « l’expression libre de toutes les émotions vis-à-vis d’un tiers à l’exception de l’anxiété ». C’est un concept dérivé des études sur l’affirmation de soi.
Une habileté sociale qui s’apprend
L’affirmation de soi est un comportement social qui permet à chacun d’agir au mieux pour son propre intérêt. D’être authentique et sincère dans ce qu’il communique et de respecter son propre point de vue pour l’exprimer devant les autres. Être assertif n’est pas une qualité en soi. C’est plutôt une habileté sociale qui peut s’apprendre. Vous vous demandez peut-être si ce n’est pas un autre mot pour parler d’égocentrisme. Eh bien non, parce que les comportements assertifs prennent en compte l’autre, ils permettent même de créer un pont avec son interlocuteur.
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Pourquoi est-ce si difficile de s’affirmer ?
Pourquoi avons-nous si souvent tendance à nous écraser devant les autres ou à nous cacher ? Et pourquoi est-il si difficile de ne pas être d’accord ?
Les blocages liés au besoin d’appartenance
L’un de nos besoins les plus importants en tant qu’être humain c’est d’appartenir au groupe. C’est un des besoins fondamentaux identifiés dans la pyramide de Maslow. Son objectif est de répertorier et hiérarchiser les besoins des êtres humains. Après avoir satisfait nos besoins psychologiques et de sécurité, notamment affective, nous avons besoin de nous sentir connectés et reconnus par les autres. Le lien social est très important car il influence aussi notre motivation comme je vous en ai parlé dans notre épisode #221 sur la théorie de l’autodétermination. Pour appartenir au groupe, nous avons naturellement tendance à chercher le consensus, à faire comme les autres.
Les principales peurs qui freinent l’assertivité
Naturellement, nous taisons nos opinions parce que nous avons peur de :
- Blesser l’autre: si je décline cette invitation, elle va croire que je n’apprécie pas sa compagnie et ça va lui faire de la peine.
- Créer un conflit: si je refuse d’aller marcher en forêt, il dira que je suis chiante et on va s’engueuler.
- Être ridicule: si j’exprime ce que je ressens, ils vont se moquer.
- Être différent: si je dis ce que je pense, alors que ça ne va pas dans leur sens, ils vont me trouver bizarre.
- Mal faire: je vais stresser et me prendre les pieds dans le tapis, mal m’exprimer, ça va être nul.
- Être jugé: je vais passer pour une feignasse si je dis que je me sens débordée en ce moment.
- Ne plus être aimé.
Les comportements inadaptés face à l’autre
En raison de toutes ces peurs, nous manifestons souvent 3 comportements de communication inadaptés qui ont été mis au jour par la théorie de l’affirmation de soi. Ces trois attitudes nuisent à la relation aux autres.
L’agressivité
Elle s’exprime souvent lorsque nous avons perdu la conscience et la capacité de gestion de nos émotions. Nous avons un comportement imposant envers l’autre, nous sommes en perte de maîtrise. Par exemple, après une journée épuisante au travail, mon mari me répond très agressivement lorsque je lui demande simplement si c’est lui ou moi qui dépose les enfants demain à l’école. Son attitude est agressive, je bats en retraite ou je suis en colère, blessée.
L’inhibition
C’est lorsque nous n’arrivons pas à exprimer nos ressentis, à formuler des demandes simples et concrètes ou à exprimer notre avis. Souvent il nous est très difficile de dire non ou de simplement reconnaître notre propre opinion tellement nous sommes terrorisés à l’idée de déplaire. Par exemple, en réunion lorsque ma collègue n’ose pas donner son point de vue, pourtant pertinent, de peur de déplaire à notre manager qui a une idée très arrêtée sur le sujet dont nous parlons.
La manipulation
La manipulation c’est un peu comme avancer masqué pour éviter d’exprimer directement son opinion. C’est une forme de communication déséquilibrée parce qu’elle est naturellement non sincère et qu’aucune des parties prenantes ne cherche à recréer la connexion avec l’autre.
L’échelle des comportements : entre hérisson et paillasson
Ces comportements peuvent se situer sur une échelle allant du comportement agressif qui ne respecte pas les désirs et les besoins des autres au comportement passif qui nie ses propres besoins et ses désirs pour laisser tout l’espace à l’autre. L’assertivité se situe au milieu des deux lorsque la relation avec les autres est équilibrée. Ni hérisson ni paillasson. Si vous y repensez, dans toutes les situations décrites précédemment, une alternative constructive est possible.
Développer son assertivité : comment faire ?
Nous accueillons et acceptons notre ressenti comme légitime, nous ne le remettons pas en question. Ainsi, nous sommes capables de le communiquer aux autres de façon factuelle et non envahissante. Je ne disqualifie pas le fait de me sentir frustrée par la 15ème vague de corrections de mon patron. Je l’accepte et envisage comment lui exprimer constructivement mon besoin d’être plus autonome et moins surveillée. Vous pouvez creuser ce sujet dans notre bulle de bonheur #140 Je suis émotionnellement intelligent.
Accepter sa vulnérabilité avec humilité
Nous acceptons nos faiblesses et la façon dont elles se manifestent concrètement, un peu comme une forme d’humilité. Nous ne cherchons pas à nous faire passer pour ce que nous ne sommes pas. Et si nous sommes authentiques, en vérité, nous acceptons cette vulnérabilité. Je reconnais devant mon amie que je suis fatiguée et qu’il m’est difficile de la rejoindre pour dîner ce soir. Je vous renvoie à notre épisode #49 sur la vulnérabilité
Différencier le comportement de la personne
Un point très important, nous savons faire la différence entre le comportement et la personne. Nous comprenons que le comportement d’une personne en réaction à une situation donnée n’est pas forcément l’illustration de son caractère. Pour prendre un exemple concret, ce n’est pas parce que quelqu’un est taiseux en groupe qu’il est forcément de nature timide. Dans le cadre d’une communication potentiellement conflictuelle, savoir différencier le comportement de la personne est précieux. Cela pour faire diminuer la bulle qui peut enfler et qui risque d’influencer nos prochaines interactions avec cette personne. Cette compétence nous permet de faire dégonfler la baudruche après un désaccord et de préserver la relation avec l’autre. J’accepte que l’autre n’est pas d’accord avec moi sans sauter à la conclusion qu’il ne m’aime pas et que nous ne pourrons pas nous entendre sur d’autres sujets.
Dire non sans culpabilité (méthode en 3 étapes)
Dans notre épisode #38, je vous ai donné plusieurs astuces. Cependant je voudrais quand même vous en parler aujourd’hui. D’abord, pour vous tranquilliser. Rappelez-vous que lorsque vous exprimez un non, vous répondez à une demande et non à la personne. Vous pouvez décliner une proposition sans que cela soit une attaque contre celui qui l’a faite. Pensez aussi aux étapes suivantes :
- Accueillez le besoin ou la demande de l’autre même si c’est inconfortable. Prenez garde aux comportements de fuite. Comprenez son besoin. Exemple : votre ado qui doit absolument aller à cette soirée, loin, tard, un soir de semaine, avec des gens dont vous entendez parler pour la première fois.
- Parlez de vos propres contraintes, exprimez vos regrets et formulez un « non » sans ambiguïtés. Exemple : les sorties en semaine ne sont pas recommandées. Tu vas être fatiguée et moi je n’aurai pas le temps de t’emmener. Je n’ai pas d’alternative sécuritaire à considérer. Je comprends que tu sois déçue. Cependant tu ne pourras pas aller à cette soirée.
- Apportez une piste alternative, une solution. Exemple, si tu veux retrouver ces amis ce week-end, je suis prête à discuter avec toi de comment l’organiser dans un cadre qui sera approprié et te permettra de passer un bon moment.
Prendre la responsabilité de ses actes sans porter ceux des autres
Nous comprenons et acceptons la responsabilité de nos actes. En comprenant que j’ai le contrôle sur mes actes et leurs conséquences, je saisis aussi que je n’ai pas à assumer le ressenti des autres ou leurs défis. Cela ne m’empêche pas d’être empathique. Cependant, je mets une limite entre ce que je porte moi-même et ce que j’accompagne volontairement. Je ne suis pas responsable du fait que ma fille n’arrive pas à se faire d’amies dans sa classe. Je suis embêtée pour elle, je la soutiens et l’aide à envisager des solutions ; le reste lui appartient.
Accueillir et accepter ses ressentis sans culpabilité
Nous ne cherchons pas à nous justifier ou à obtenir l’accord, l’approbation de l’autre. Nous cherchons à être compris et à exprimer à l’autre que nous comprenons son point de vue. La démarche d’assertivité est vraiment intéressante à cet égard. Elle n’est pas faite pour satisfaire l’autre, elle est faite pour nous respecter nous-même. Tout en préservant la relation avec l’autre. C’est un peu comme si vous vous situiez sur une balance entre vous et les autres et que cette balance était à l’équilibre.
Un exemple d’assertivité
J’aimerais vous donner un exemple assez parlant. Dans mon équipe, je manage une employée formidable, engagée, efficace, très collaborative. La charge de travail dans l’équipe augmente considérablement ces derniers temps, nous en prenons tous notre part.
Un jour, en réunion avec les autres membres du groupe, je lui demande son aide sur un dossier prioritaire et pressant. Elle me répond très calmement que sa charge de travail actuelle la fatigue trop et met en danger la qualité de sa concentration et donc indirectement la qualité de son travail. Ses conditions de travail ne lui conviennent pas, aussi elle ne pourra pas prendre un dossier en plus. Cependant, elle reste ouverte à soutenir ce projet si nous la soulageons d’une ou deux autres priorités. Tout ceci a été dit sur un ton parfaitement égal et sans laisser paraître une émotion exagérée ou même de la peur. Car dire non à son manager est souvent mal perçu. Elle aurait pu aussi craindre la réaction du groupe.
Honnêtement, j’ai été impressionnée et je l’ai remerciée de sa franchise. L’un de nos collègues a dit que lui aussi il en avait trop en ce moment et que ce serait difficile pour lui d’en prendre plus et qu’après tout, elle était la plus compétente pour ce dossier. Elle a répondu toujours avec le même calme : « je comprends, réfléchissons donc aux options pour déprioriser les autres tâches ».
Les bienfaits de l’assertivité
Se respecter soi-même et inspirer le respect des autres
En adoptant une attitude assertive, nous nous respectons nous-même et cela influence positivement le respect que les autres ont pour nous. Lorsque nous mettons nos limites, que nous montrons que nous avons confiance en nous-mêmes, nous renvoyons aux autres le message que nous respectons notre propre valeur parce qu’elle est réelle. Ainsi les autres le perçoivent aussi et adoptent un comportement ajusté. A l’inverse, quelqu’un qui se déprécie tout le temps ou a de la difficulté à s’affirmer est souvent mal traité et dénigré par les autres.
Je pense souvent à cet exemple d’un de mes amis qui avait accepté, par gentillesse et peur de refuser, de piloter le déménagement de l’entreprise pour laquelle il travaillait. Il a eu beaucoup de travail (peu gratifiant en plus) et cela a empiété sur son temps de repos. Son patron a été reconnaissant mais sans plus. Par la suite, toutes les tâches un peu ingrates, administratives retombaient sur son bureau jusqu’à ce qu’il dise son 1er non. Cependant, ce dernier a été très mal accueilli, on lui a reproché d’être égoïste et de manquer d’engagement dans la boite quand ses collègues n’avaient pas atteint le 10ème de sa contribution. S’affirmer, c’est une façon de faire comprendre aux autres sa valeur et de gérer leurs attentes.
Se connecter à soi et renforcer son estime personnelle
Être assertif est un exercice de connexion à soi, à ses émotions. Nous sommes aussi plus enclins à l’introspection ce qui nous permet de mieux nous comprendre et nous accepter tel que nous sommes.
Se libérer du besoin de plaire à tout prix
Lorsque nous adoptons une attitude assertive, nous acceptons de ne pas plaire à tout le monde et cela nous rend plus fort. La valeur que nous nous accordons ne dépend pas des autres, c’est un super pouvoir transformateur. Nous nous sentons plus autonomes. Je vous invite à réécouter nos podcasts #141(Je ne peux pas plaire à tout le monde) et #160 ( Je réussis à vaincre la honte) sur les recherches de la formidable Brené Brown sur le pouvoir de l’authenticité et la honte.
Nous nous donnons la priorité ce qui booste notre estime de nous-même et notre sentiment d’efficacité personnelle. D’après les chercheurs de la théorie de l’autodétermination, se sentir autonome et efficace est le terreau du bien-être durable et le charbon de la machine de la motivation. Si nous sentons que nous avons les capacités de progresser, nous persévérons. Je vous renvoie à notre épisode #224 sur l’autonomie.
Réduire le stress et les émotions négatives
Être assertif réduit nos émotions négatives, produits de notre stress ou de nos frustrations. Parfois, le simple fait d’avoir réussi à exprimer clairement notre état ou notre besoin est déjà un catalyseur d’émotions positives. Elles viennent rééquilibrer notre humeur. Verbaliser permet aussi d’extérioriser, de faire barrage à la rumination et même éventuellement de laisser les autres nous apporter une réponse constructive, voire du soutien.
Créer une connexion authentique avec les autres
Faire preuve d’assertivité renforce notre lien aux autres. Or, nous savons combien cette connexion est indispensable à notre bien-être. En adoptant un comportement assertif, nous créons une passerelle avec les autres. Le fait de nous montrer vrai et vulnérable peut être une façon d’ouvrir la porte aux autres pour qu’ils aient accès à ce qui nous traverse.
Le simple fait de communiquer, de s’exprimer, de partager ses ressentis avec l’autre est un vecteur de connexion à l’autre. Pensez-y la prochaine fois que vous direz non de façon assertive à quelqu’un. Pensez que votre comportement, la façon dont vous vous exprimerez comptera davantage pour l’avenir de votre relation avec cette personne que le refus en lui-même.
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En résumé, être assertif
- Permet de rétablir un rapport équilibré entre les autres et moi
- Améliore ma compréhension et mon estime de moi-même
- Rend plus autonome
A vous de jouer chers auditeurs, cette semaine, la carte de 2 minutes de bonheur vous propose d’oser dire un « non » constructif cette semaine.
Avec Bulle de bonheur, prenez le temps d’être heureux !
La Petite Mousse de 2 minutes de Bonheur
« Les deux mots les plus brefs et les plus anciens, oui et non, sont ceux qui exigent le plus de réflexion. »