Aujourd’hui, c’est le 2ème volet de nos podcasts sur l’autonomie, nous allons explorer ensemble au cours de cet épisode 226 comment trouver ce savant équilibre entre autonomie et contrôle ?
Mon chéri a rendez-vous chez le coiffeur demain, je me fends d’un petit rappel alors que c’est dans son agenda électronique. Ça l’agace. Lorsque mon père passe des vacances avec nous, je suis en hyper vigilance sur la prise de ses médicaments. Alors que toute l’année, il se débrouille tout seul. Il dit que c‘est dommage de lui rappeler toute la journée qu’il a des petits bobos. Mon grand participe à une vente de gâteaux pour l’école. J’ai tout fait, de la liste de courses à la confection des trois cakes aux yaourts. Et pourtant, je le sens tout déçu et pas très heureux d’y participer.
Et là ça me chicotte : j’en fais trop et j’ai l’impression que ça n’aide pas grand monde. Pourquoi est-ce que j’agis comme ça ? Est-ce que je peux laisser faire et comment leur donner une autonomie sans trop contrôler ?
Autonomie et contrôle
Pour rappel de notre podcast #224, l’autonomie se définit comme le fait de faire les choses librement. De pouvoir faire des vrais choix parce que nous nous sentons alignés, sans forcément dépendre excessivement des autres. Il en découle la capacité à résoudre des problèmes, à gérer son temps et à s’organiser. Et pour finir, être autonome induit une confiance en ses capacités et ses compétences. C’est aussi avoir la simplicité de demander de l’aide quand c’est nécessaire.
Le contrôle, quant à lui, se définit par notre capacité à diriger ou réguler un évènement, une organisation ou une action. Évidemment, le contrôle peut être interne quand il s’agit d’agir sur soi-même. Ou externe lorsqu’une personne exerce une position de protection ou a un rôle organisationnel sur une autre personne (parent, supérieur hiérarchique, médecins…)
Arrêtons-nous pour commencer sur les raisons qui nous poussent au contrôle.
Effectivement, nous adoptons souvent, sans en être conscients, des comportements contrôlants lorsque nous nous sentons en position de responsabilité par rapport à quelqu’un d’autre.
Avec nos enfants, nos collaborateurs ou encore nos parents vieillissants.
Nous sommes tentés de leur mâcher le travail, de baliser le chemin. Ou encore carrément de contrôler la façon dont ils vont effectuer une action.
Un exemple très concret : j’assiste toujours à la préparation de mes fils pour quitter la maison le matin. Alors qu’ils savent très bien qu’ils doivent mettre un manteau, un bonnet et des chaussures et qu’ils connaissent leurs horaires. J’ai toujours préparé leurs sacs alors que nous avons ensemble fait un pense-bête visuel avec ce qu’ils ont à emporter chaque jour.
Qu’est-ce que ce manque de lâcher prise dit de moi ?
Vouloir tout contrôler peut découler d’une tendance au perfectionnisme
Je veux tout contrôler parce que je ne peux pas supporter l’idée que mon fils n’aura pas ses baskets pour son cours de sport. Que pensera la maitresse de lui ou de moi s’il ne fait pas son travail à la maison à temps ou s’il est négligé ?
Nous voulons tous être aimés, nous sentir appartenir au groupe. C’est humain, cela fait même partie des besoins les plus fondamentaux développés dans la pyramide de Maslow.
Cependant, vouloir appartenir à tout prix au groupe peut nous pousser à essayer de nous conformer toujours plus à ce que nous pensons être les attentes des autres.
Par exemple, je dois être la fille parfaite pour mes parents dépendants sinon je serai perçue comme ingrate et indigne d’être aimée. Pour cela, je vais m’épuiser à tout prendre en charge pour eux, sans demander de l’aide ou prendre du recul pour discuter avec eux sur leurs besoins véritables. Je vous recommande ici un petit détour par notre épisode #141 Je ne peux pas plaire à tout le monde, si vous sentez que vous penchez de ce côté-là.
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Encadrer le contrôle pour éviter d’être trahi
Les personnes contrôlantes peuvent ressentir le besoin de baliser tout leur environnement pour éviter la douleur d’une des blessures de l’âme : la trahison. Rappelez-vous c’est une des blessures développées par Lise Bourbeau et dont nous vous avons parlé dans notre épisode #209.
La personne qui a souffert de la blessure de trahison a développé le masque du contrôlant parce qu’elle a souvent enfoui au cours de sa petite enfance une profonde blessure lorsque les choses ne se sont pas passées selon ses attentes. Elle comble inconsciemment cette perte de confiance dans l’autre. Et se met à tout prévoir afin de s’assurer d’elle-même tenir ses engagements et de se prémunir contre les potentiels manquements des autres.
Le contrôlant a tendance à faire à la place des autres, il a de la difficulté à déléguer. Il est important de reconnaître cette blessure pour pouvoir la soigner.
Vouloir tout contrôler c’est aussi refuser les incertitudes
Nous pensons que nous pouvons tout obtenir à la force du poignet, et donc implicitement, que notre bonheur dépend de ce que nous pourrons accomplir, de notre réussite tangible. Or, il y a des circonstances indépendantes de nous, de notre volonté ou de notre force comme nous l’a rappelé la pandémie de COVID-19.
Il est aussi des domaines de nos vies qui, même avec tous les efforts du monde, échappent à notre contrôle.
Par exemple, je ne peux pas sécuriser le fait que mes enfants auront un métier qui les protège du besoin ou qu’ils seront heureux en couple, s’ils choisissent seulement de l’être d’ailleurs ? Je vous renvoie à notre épisode #129 J’arrive à lâcher prise pour travailler cette notion.
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Trop contrôler le comportement de son enfant empêche d’être autonome
Enfin, dans le cadre de la parentalité et comme cela a été observé par les chercheurs de la théorie de l’auto-détermination, il y a plusieurs facteurs qui poussent les parents à contrôler le comportement de leurs enfants :
- L’héritage familial : même lorsqu’ils l’ont mal vécu, les parents qui se sont sentis contrôlés par leurs propres parents ont tendance à reproduire ce schéma sur leurs propres enfants.
- La pression à obtenir le meilleur de leurs enfants, à les protéger de toute source de douleur ou de danger et donc de les empêcher de faire leurs propres expériences
- Enfin, c’est parfois une réponse naturelle aux comportements parfois chaotiques et imprévisibles de nos enfants. Les parents pensent sincèrement que le comportement de leurs enfants est un appel à plus de contrôle.
L’autonomie n’existe pas sans contrôle
Cléopâtre n’existe pas sans César, Bonny sans Clide, Napoléon sans Joséphine, Sherlock sans docteur Watson, Blake sans Mortimer, Timon sans Pumbaa, Astérix sans Obélix, Tom et Jerry, Mario et Luigi, Tic sans Tac, Beyoncé sans Jay Z. Il en va de même pour l’autonomie. Elle n’existe pas sans le contrôle.
Contrôle et autonomie sont donc deux notions complexes, à la fois antagonistes et complémentaires. Imaginer qu’augmenter l’autonomie va diminuer le contrôle est trop simpliste. Ces 2 notions travaillent ensemble non comme des vases communicants mais comme 2 pieds indépendants bien ancrés dans le sol et reliés à un tronc qui est celui du bien-être. Nous sommes bien dans une logique de et/et et non de soit/soit.
Cet équilibre est assez fin.
Prenons l’exemple d’une entreprise.
Elle a des employés autonomes qui ont la liberté de gérer leur emploi du temps, de prendre des décisions sur la manière d’atteindre leurs objectifs et d’innover dans leurs approches. Ces employés, quel que soit leur niveau, seront plus motivés, plus créatifs et donc plus productifs. Et sans doute leur sentiment d’appartenance sera plus fort. En revanche, trop d’autonomie risque de générer un manque de cohérence dans les process. C’est donc pour cette raison que la structure va apporter un contrôle pour garantir par exemple des normes de qualité et de sécurité et aussi pour atteindre des objectifs fixés.
L’idée est de trouver un juste équilibre qui assure l’autonomie individuelle et un contrôle pour atteindre les objectifs ou garantir la sécurité du groupe.
Autonomie et contrôle dans l’éducation
Si nous prenons le domaine de l’éducation, un enseignant, en encourageant l’autonomie, va chercher à augmenter la motivation. Et donc faciliter les processus d’apprentissage comme par exemple dans une classe d’Histoire laisser libre choix aux élèves de choisir leur thème de devoir. Les élèves vont développer de la collaboration et faire leur apprentissage à leur rythme.
C’est bien le principe de Maria Montessori. Pour avoir ce bon équilibre, de son côté, le professeur exerce un certain contrôle en fixant les objectifs d’apprentissage.
En reprenant notre exemple, définir la période d’Histoire comme la 1ère guerre mondiale en France et également favoriser un cadre de travail propice à la réalisation de la tâche en proposant par exemple des biographies ou site de références. Le tout, avec des règles de classe claires et appropriées. Le professeur va également donner un timing à respecter.
L’autonomie en famille
Et en famille, cet équilibre entre autonomie et contrôle est juste essentiel à une vie familiale harmonieuse. Les parents peuvent favoriser l’autonomie en proposant à leur enfant de faire des choix bien sur adaptés à leur âge et à leur développement. Choisir le parfum de son yaourt, son histoire du soir, son repas d’anniversaire, ses activités extra scolaires… Ces choix sont cruciaux car ils aident les enfants à exprimer leurs souhaits, leurs opinions et leurs émotions. C’est aussi un bon moyen de participer à la vie familiale en choisissant une tâche à faire pour la communauté.
De leur côté, les parents établissent un cadre (une sorte de contrôle) qui garantit la sécurité physique de leur enfant comme mettre un casque sur le vélo, décider de l’heure du coucher. Les parents garantissent aussi la sécurité psychique de leurs enfants en étant un soutien émotionnel en mettant par exemple un contrôle parental sur le téléphone. Ils apprennent aussi à leurs enfants les règles sociales (merci, bonjour, au revoir).
Contrôle et autonomie dans le couple
Et dans le couple, cet équilibre autonomie et contrôle maintiennent des relations saines et épanouissantes. L’autonomie permet à chaque membre du couple de continuer des activités qui lui tiennent à cœur (aller au match de rugby, faire de la danse, de la peinture, pêcher…).
Cette autonomie met une juste distance qui va permettre à chacun d’exprimer ses ressentis, ses idées sans être jugé ni critiqué. Et le contrôle, ce mot semble bien bizarre dans le cadre d’une relation de couple. Disons que le contrôle est surtout entendu comme point de vigilance.
- C’est se mettre des gyrophares qui viennent sonner lors d’un dysfonctionnement. Définir ensemble ce qui est inacceptable dans la relation comme humiliation, infidélité, manipulation, violences…
- C’est aussi mettre des gyrophares pour s’assurer que le couple prend suffisamment soin de lui. Avec 2 minutes de bonheur vous êtes parés ! Avec une carte du jeu 2 minutes de bonheur en couple ou un livret d’1 temps pour 2 par exemple, le tour est joué !
- C’est vérifier que chacun est à sa juste place. Lorsque mon conjoint établit des plannings détaillés de nos week-ends sans me consulter, son intention est sans doute de nous faciliter la vie et de s’assurer que nous tenons nos engagements, que nous n’oublions rien. Cependant, je me sens contrôlée, j’ai l’impression que mon temps est aspiré par avance sans que je n’y puisse rien et sans que je n’aie rien décidé. Je me sens privée d’autonomie et je rechigne à participer. C’est aussi oser aborder les sujets qui fâchent #215.
Prendre des décisions à deux en couple
- Enfin, c’est savoir prendre le temps de s’arrêter pour prendre des décisions ensemble. Si l’un des membres du couple souhaite prendre un travail avec de nombreux déplacements. S’assurer que celui qui sera plus à la maison est ok avec la surcharge de travail à la maison lors de l’absence de l’un des 2. Comment mettre en place de nouveaux process pour faciliter et pallier les absences.
En prenant le temps de jongler entre autonomie et contrôle, le couple maintient alors une relation solide et épanouissante tout en soutenant les aspirations individuelles de chacun.
En résumé, ce que l’on peut dire sur l’autonomie et contrôle
- Ils sont complémentaires et non contradictoire
- Ils garantissent sécurité et épanouissement
- Ils renforcent les liens entre les personnes
A vous de jouer chers auditeurs, cette semaine, la carte de 2 minutes de bonheur vous propose de lâcher prise en laissant votre entourage se prendre en main. Prêt à essayer pour la première mouture de la prochaine présentation en comité de gestion, le travail scolaire de vos enfants ou les courses familiales faites par votre conjoint ? Ça n’empêche pas un petit contrôle ! Allez, osez !
La Petite Mousse de 2 minutes de Bonheur
« La confiance n’exclut pas le contrôle »