Constat d’intelligence adaptative : l’acronyme VUCA

La définition de VUCA

L’intelligence adaptative… Connaissez-vous l’acronyme VUCA ? En anglais, on utilise les initiales VUCA pour Volatility, Uncertainty, Complexity and Ambiguity.

Cet acronyme, issu initialement du domaine militaire, servait à décrire les composantes des théâtres d’opérations de plus en plus incertains et complexes. Repris par le milieu des affaires, il décrit bien le monde dans lequel les environnements, les priorités, les stratégies et les décisions prises nous semblent toujours plus changeantes.

  • La volatilité. Elle traduit le manque de constance des situations qui évoluent de façon soudaine et imprévisible.
  • Puis, l’incertitude. Elle nous présente des situations sur lesquelles nous n’avons pas ou peu de contrôle.
  • Et la complexité. Elle fait référence au grouillement de notre environnement : plus d’interactions, plus de connexions, plus vite.
  • Enfin, l’ambiguïté. Elle désigne des schémas et des systèmes qui manquent de clarté, sont soumis à interprétation et laissent le champ libre aux arbitrages et aux erreurs.

 

Un exemple concret d’une situation VUCA

La crise du COVID est l’exemple parfait d’une situation dite VUCA. Malheureusement, plus qu’un épisode, il est aussi révélateur d’une tendance générale. Nos écosystèmes deviennent de plus en plus VUCA et ça n’est pas prêt de s’arrêter.

En pleine pandémie, Robert Sternberg, un psychologue américain contemporain spécialiste de l’intelligence publie en août 2020 un brûlot : « Covid-19 has taught us what intelligence really is ». Ce qui veut dire en français, « le Covid-19 nous a appris ce qu’est vraiment l’intelligence ». Dans cet article, il s’applique à démontrer combien les approches et les méthodes de mesure traditionnelles de l’intelligence sont dépassées.

Selon lui, le COVID a révélé combien les hauts dirigeants, dont le système éducatif salue et certifie pourtant l’intelligence, nous sont apparus démunis devant ces nouveaux défis. Les diplômes nationaux de fins d’études, les concours d’entrée aux grandes écoles, les tests de QI sont limités. Ils passent à côté de ce qui est vraiment important pour mesurer l’intelligence d’un individu.

Comment se mesure l’intelligence ?

D’après ces tests, l’intelligence se mesure à la capacité de chacun à résoudre des problèmes théoriques, clairement énoncés, sans conséquence immédiate sur la vie de celui qui s’y prête. Robert Sternberg démontre qu’au contraire, l’intelligence réside dans la capacité d’un individu à s’adapter efficacement à son environnement. Il prend appui sur une étude développée par ses équipes à Yale et à Cornell University. Sur une population donnée dans la campagne kényane, les chercheurs ont démontré que la connaissance des herbes médicinales protégeant les populations contre les maladies parasitaires était négativement corrélée aux résultats des tests de QI. En conclusion, les Kényans qui avaient le meilleur système de survie étaient ceux qui apparaissaient comme les moins intelligents sur le papier.

Pourtant, dans une perspective Darwinienne, la vraie intelligence n’est-elle pas celle qui nous pousse à inventer de nouvelles solutions dans un univers changeant ? C’est le concept de l’intelligence adaptative.

Qu’est-ce que l’intelligence adaptative ? 

« La mesure de l’intelligence est la capacité de changer ». Ce n’est pas moi qui le dis, mais Albert Einstein. Le concept a été mis au jour dans les années 90 par Jacques Fradin, Docteur en Médecine, Psychothérapeute Comportementaliste et Cognitiviste. Ce dernier a fondé et dirigé l’Institut de Médecine Environnementale. L’intelligence se définirait par la capacité de chacun à s’adapter aux changements de son environnement de façon créative et innovante.

Cela suppose de s’apercevoir des modifications de notre écosystème et de remettre en question nos croyances et nos façons de faire. C’est notamment une qualité attendue d’un leader en entreprise. Par exemple, le dirigeant de l’entreprise pour laquelle je travaille semble toujours à l’affût des dernières tendances de notre industrie. Il est capable d’ajuster rapidement notre stratégie d’affaires, notre gamme de produits ou nos priorités stratégiques. En outre, il fait preuve d’agilité, de créativité sans se disperser sous l’effet du stress.

Les changements survenus dans notre quotidien et l’intelligence adaptative

C’est aussi mon amie qui s’est longtemps sentie perdue devant l’adolescence de sa dernière. Les codes ont tellement changé en une ou deux générations ! Les jeunes expérimentent tout plus tôt que dans nos souvenirs. Ils sont hyper connectés. Ils ont besoin de donner un sens à tout. Et ils rejettent en bloc les héritages des générations précédentes. Elle ne comprenait plus rien aux besoins de sa fille, qu’elle estimait inadaptés à son âge. Ses principes se heurtaient sur un mur d’échec. Leurs rapports s’envenimaient de jour en jour.

Alors elle perdait plus de temps à se demander pourquoi ce qui avait marché avec ses aînés ne fonctionnait pas avec celle-ci, plutôt qu’à avancer. Puis, elle a réinventé d’autres manières de vivre ensemble. Elle s’est adaptée aux desiderata raisonnables de son enfant tout en maintenant certaines limites acceptables. Alors, elle a reconstruit une relation qui certes, n’est pas linéaire, mais est redevenue saine. Pour cela, elle a rejeté de nombreux a priori, a abandonné certaines manières de faire. Et elle a expérimenté des choses qu’elle ne s’attendait pas à tenter un jour. Bref, elle est sortie des sentiers battus et a accepté de sortir de ses propres schémas de pensée.

Dans un monde de plus en plus complexe et inconnu, faire preuve d’intelligence adaptative c’est reconnaître que nos références et nos habitudes sont dépassées. Il faut alors trouver des moyens de recréer une forme de stabilité.

L’intelligence adaptative… D’où vient cette forme d’intelligence ?

L’approche Neurocognitive et Comportementale (ANC), développée par Jacques Fradin permet de mieux comprendre notre fonctionnement mental. Elle permet aussi d’identifier notre mode de « gouvernance » personnelle.

Les 4 zones

  1. 1. La gouvernance instinctive

Localisée dans la zone reptilienne, elle est guidée par notre instinct de survie. Elle fait face à l’urgence. Elle naît aussi du besoin de sensations excitantes et parfois un peu excessive. C’est cette gouvernance qui nous pousse vers les plaisirs immédiats comme une bonne plaquette de chocolat quand on a besoin de réconfort. Vous pouvez faire un petit détour par notre podcast Bulle de Bonheur #84 J’ai plein de désirs pour creuser ce sujet.

  1. 2. La gouvernance grégaire

Située en dessous dans la zone paléo-imbique, elle conditionne ma place dans un groupe. Elle s’exprime lorsque nous nous laissons dominés par les rapports de force et que nous « bouclons » sur nos préoccupations.

  1. 3. La gouvernance émotionnelle

Elle se situe dans la zone limbique du cerveau. Elle s’exprime lorsque nos émotions nous gouvernent. Nos désirs ou nos aversions, nos appréhensions ou nos valeurs, nos expériences et nos préjugés qui décident de nos actes. Par exemple, comme on m’a volée en me rendant la monnaie, je suis suspicieuse et je suis persuadée que tous les commerçants cherchent à m’arnaquer. Cela peut être aussi le préjugé de considérer que ceux qui portent des lunettes sont des intellos ! Ou si je prends trop souvent mon nourrisson dans les bras, il va devenir capricieux.

  1. 4. La gouvernance adaptative

On la trouve trouve dans le néocortex préfrontal. C’est cette zone du cerveau qui est considérée comme une sorte de chef d’orchestre capable de collecter et traiter l’information reçue et de gérer nos actions en conséquence. C’est la partie la plus mature du cerveau. Les caractéristiques de cette gouvernance sont:

  • La curiosité.
  • La souplesse : c’est-à-dire notre capacité à revoir notre stratégie – nous retrouvons l’idée d’adaptation.
  • Mais aussi la nuance qui permet de poser un regard équilibré sur les événements et de les envisager dans leur globalité.
  • Ou la relativité c’est-à-dire notre capacité à poser un regard différent sur un problème, à prendre du recul et regarder les choses sous un autre angle.
  • Enfin, le raisonnement rationnel permet d’appréhender les causes et les conséquences de façon concrète et neutre.

 

L’affrontement de nos gouvernances

L’image mentale que notre cerveau va créer pour nous sera différente si la situation est lue par une gouvernance ou une autre. Tout l’enjeu de l’ANC est de faire basculer le cerveau du mode de fonctionnement automatique au mode adaptatif quand c’est nécessaire. Savoir à quoi sert une brosse à dent, ou une brosse à cheveux est du domaine automatique. Par contre, être en face d’un objet inconnu va activer mon système adaptatif car je vais me demander à quoi il sert.

Évidemment tout n’est pas aussi simple. Nous sommes parfois tiraillés entre la raison et les sentiments. Nos gouvernances s’affrontent pour influencer nos décisions ! Chacune fait valoir ses intérêts. Mon envie de saucisson et la maîtrise de mon poids, comme l’envie de m’engager et ma peur du regard des autres. Ou mon envie de me débarrasser de ce bébé qui pleure tout le temps. Et l’aimer tellement que j’ai envie de l’avoir dans les bras toute la journée.

Analyse de l’intelligence adaptative

Faire preuve d’intelligence adaptative n’est pas jeter toutes les procédures et autres systèmes de pensée par la fenêtre. Cela veut plutôt dire apporter de la liberté et de la souplesse dans le cadre offert et potentiellement, le remettre en question. Jacques Fradin utilise une métaphore très parlante : la conduite automobile. « Elle a besoin du code de la route, d’un réseau de routes clair et défini, d’une voiture qualifiée du point de vue de la sécurité. Mais le conducteur doit avoir un niveau d’initiatives sur le choix de la route. Par exemple, un panneau peut interdire de tourner à gauche mais, si la route de droite est barrée, l’automobiliste doit pouvoir le faire».

Intelligence

Changement de regard : comment développer son intelligence adaptative ?

Éduquer notre regard critique

La vie se charge de nous apprendre que nos a priori, nos idées préconçues et nos représentations ne sont justement que nos représentations personnelles. Les croyances ont du bon lorsqu’elles laissent un espace libre pour les revisiter et les remettre en question. Nous vous en avions parlé dans notre épisode Bulle de Bonheur #29 Je dépasse mes croyances.

Voici quelques idées pour cultiver votre esprit critique :

  • fréquentez aussi des gens différents de vous,
  • découvrez de nouvelles têtes, de nouvelles cultures,
  • ouvrez votre regard à la nouveauté et imprégnez-vous.

Allez faire un tour par notre Bulle de bonheur #79 sur le lien social et tentez de nouvelles expériences en sortant de votre zone de confort (épisode #57)

 

Vivre au présent

Certes, le passé est une référence. Cependant, ce qui était valable hier dans un contexte bien particulier ne l’est peut-être plus aujourd’hui. Le domaine de l’éducation en est une belle illustration. Les grands parents qui observent l’éducation de leurs petits-enfants sont parfois étonnés de ces nouveaux codes et références. Si le sujet de la connexion au présent vous intéresse, nous l’avons développé dans notre épisode #25 Je découvre le pouvoir du moment présent.

Anticiper et accepter l’incertitude

Muscler votre intelligence adaptative c’est accepter que l’avenir soit flou et imprévisible. A titre d’exemple, une des conséquences les plus mal vécues de la pandémie a été sans doute le poids de l’incertitude. Quand allions-nous être hors de danger ? Quand pourrions-nous enfin sortir de chez nous ? Courrions-nous toujours un risque ? Pourrons-nous un jour retourner au bureau ? Les enfants vont-ils être libres de retourner un jour à l’école sans masque et sans test ?

Une amie me racontait qu’elle s’était effondrée lorsqu’au début de la pandémie, personne ne savait vers quoi le monde allait. Alors que le télétravail avec les enfants ne l’avait pas abattue, pas plus que le confinement strict ou le vide de liens sociaux mais l’incertitude l’avait considérablement ébranlée. Elle était alors devenue très anxieuse.

En pratique : Quels sont les bienfaits de l’intelligence adaptative ? 

Se forcer à faire preuve de créativité

Lorsque vous sortez des sentiers battus, de votre routine et de vos habitudes, vous ouvrez le champ des possibles et vous êtes plus innovants. Je pense notamment au passage à la retraite, un moment pas évident pour tout le monde.

Parfois, les quarante dernières années ont été construites autour du travail. Des jobs successifs qui ont défini une place dans la société, qui ont créé un sentiment d’utilité au monde. Pas facile de se retrouver sans le rythme des réunions, des dossiers à traiter, des échanges avec les collègues. Pourtant, avec un changement de regard et de la créativité j’ai vu des personnes basculer d’état d’esprit et se découvrir des nouveaux centres d’intérêt ou réaliser des projets auxquels ils n’avaient jamais pensé ! C’est l’idée de notre kit 1 temps pour soi Retraite ! Un bon moyen de passer joyeusement le cap de la retraite !

 

 

Un soutien « psy » indispensable pour un passage à la retraite positif !

C’est le pari du coffret de communication 1 temps pour Soi® Retraite

Prendre des décisions

L’intelligence adaptative muscle aussi notre capacité à prendre des décisions sans connaître tous les tenants et les aboutissants.

C’est une qualité attendue notamment des leaders ou des chefs d’équipe. Savoir naviguer dans l’ambiguïté et opérer des changements de trajectoire, des revirements rapides et sensés en fonction des conditions. Parce que même avec la meilleure boule de cristal du monde, il y aura toujours une incertitude à accepter dans une prise de décision.

Avoir confiance en soi

La confiance en soi justement est dopée par notre capacité à faire face. Vous vous démontrez à vous-même que peu importe ce qui se présente, vous saurez accueillir l’imprévu et vous reconfigurer.

Abandonner le désir de contrôle

Enfin, l’intelligence adaptative permet grâce à la souplesse d’abandonner notre désir de contrôle et de de pratiquer le lâcher prise (épisode #21). C’est une attitude qui nous permet d’être vrai, d’être pleinement et authentiquement soi-même.

Bref un bon moyen d’être heureux !

Allez hop je me lance

Si je résume

  • Le monde est de plus en plus incertain, complexe, changeant et ambigu.
  • Cela met à l’épreuve les modèles traditionnels de mesure de l’intelligence.
  • L’intelligence adaptative est notre capacité à nous adapter efficacement à ces environnements.
  • L’ANC a révélé plusieurs gouvernances dans notre cerveau. Il est possible de muscler la gouvernance dite adaptative en acceptant l’incertitude et en ouvrant notre champ des possibles.
  • Faire preuve d’intelligence adaptative nous permet d’être innovant, réduit notre stress et contribue à notre confiance en nous.

À vous de jouer ! Vous avez 2 minutes pour choisir une rigidité personnelle et identifier au moins 3 moyens de la contourner. Expérimentez chacune d’entre elles et faites le bilan.

La petite mousse de la semaine est un cocktail de cosmologie et de physique quantique car il nous est servi par l’éminent Stephen Hawking « La vraie intelligence est celle qui s’adapte au changement ».

Avec Bulle de Bonheur, prenez le temps d’être heureux !

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