En tant qu’éducateurs, parents, vous avez pleins de ressources et pourtant vous êtes souvent inquiet. Et si un des mes élèves croisait un pervers. Si votre fils se faisait attaquer, et si votre fille à un petit ami, saura-t-elle se protéger ? Quant à votre fils qui est revenu tout bourré de sa 1ère soirée à 14 ans ? Vous avez tellement envie de les mettre en garde, de les protéger. Vous n’avez pas envie qu’ils souffrent, vous avez envie de bien faire. Et pourtant vous n’arrivez pas à leur parler ! Vous avez bien conscience que c’est important de discuter. Mais vous avez peur, peur de parler, peur de ne pas utiliser de bons mots. En plus, vous êtes gênée, sans parler de l’inquiétude qui paralyse. Alors comment faire pour aborder ces sujets si importants comme le respect de soi, le respect des autres ou savoir dire non quand il faut.
Quoi dire, comment dire ?
Sachez que vos peurs sont tout à fait légitimes car parler de ces sujets d’affectivité, de relation, de tous ces sujets autour des valeurs avec ses enfants est loin d’être évident et pourtant on a tellement envie de les mettre en garde !
Les ressources de notre cerveau ?
Je vous propose un exercice : ne pensez pas à un éléphant rose.
Fin de l’exo. Qu’avez-vous fait ?
Et oui, vous avez pensé à un éléphant rose
Alors sachez une chose, votre cerveau ou plutôt votre inconscient n’intègre pas le négatif. Le cerveau va d’abord visualiser l’action de la phrase et ensuite va la chasser. Vous dites à votre enfant, ne fait pas tomber ce verre ! Alors, son cerveau va lui envoyer l’image de lui en train de faire tomber le verre et il ne retiendra que l’action de cette phrase. Et là vous lui dites quand le verre est tombé par terre : « Heureusement que je te l’avais dit », « comme tu es maladroit, et une fois de plus tu ne m’écoutes pas !
Si vous disiez simplement « Tiens bien ce verre » !
Le cerveau confond la réalité et l’illusion
Nous devons cette compréhensions grâce aux travaux de Marc Jeannerod en 2002, notre cerveau ne fait pas la différence entre réalité et illusion ! Si je regarde quelqu’un ou que je l’imagine, j’actionne les mêmes parties du cerveau ! En effet, Marc Jeannerod l’explique très bien dans son livre « le cerveau intime »
Une personne âgée qui a peur de tomber tombe. Car elle se focalise sur sa peur, sur le but à atteindre ou encore sur les souvenirs d’une précédente chute et non sur ses pieds
En réalité, ce sont les formulations positives qui nous pousse à l’action. Alors fini les « Ne cours pas » et dites « Marche lentement ». Ou encore, « ne t’approche pas, tu vas te brûler » qui devient « le four est chaud, reste éloigné »
Mettre en garde les enfants contre les dangers
C’est exactement le même mécanisme lorsqu’il s’agit de sujets plus sérieux. Si vos mises en garde sont trop clairement et trop souvent exprimées. Le résultat va être que vous allez fragiliser votre enfant en lui faisant comprendre que vous êtes persuadés qu’il va faire des bêtises. Comme « fait attention aux gens dehors, tu pourrais être attaqué ». A force de le dire, votre enfant va voir des détraqués sexuels partout !
Ça pourrait être aussi « Fais attention aux garçons c’est si facile de se faire avoir. Je me rends compte que tu plais aux garçons. Alors j’ai pris un rendez vous chez le gynécologue pour que tu prennes la pilule » Et ensuite, la jeune fille de me dire : « mais elle pense quoi de moi ma mère ? »
Les intentions sont bonnes, est-ce la bonne ressource ?
Qu’est-ce que je cherche à exprimer avec mes mises en garde ? Mon intention est bonne car je chercher à protéger mon enfant. En fait qu’est ce que j’obtiens vraiment ?
En fait, cette peur qui a tendance à surprotéger au point d’irriter va donner envie au jeune de dissimuler. Comme ce jeune de 14 ans qui raconte que sa mère veut tout savoir de ses journées. Il passe comme un interrogatoire en rentrant de l’école. Etant excédé par l’attitude quelque peu intrusive de sa mère. Il a décidé de rentrer de l’école en catimini sans faire de bruit. Et là, la réaction de la mère a été immédiate, « que cherches-tu à me cacher ? » Ce jeune garçon avait seulement besoin d’un peu d’air et d’avoir un jardin intérieur !
Quelles sont les intentions de la mère ? Qu’obtient-elle vraiment ?
Les exemples sont si nombreux, nous pourrions raconter aussi le cas d’un maman qui trouve un préservatif dans le tiroir du bureau de sa fille. La mère affolée, fait une scène à sa fille qui raconte qu’on le lui a donné. La mère ne croit pas la fille. Et la jeune fille qui conclue en disant « Elle ne me croit pas, c’est horrible qu’ils puissent imaginer ça de moi… »
L’importance de rester attentif
Tout ça va sans dire bien sûr qu’il ne faut pas être naïf non plus et qu’il est important d’être attentif aux changements subits et troublants de comportement (vol, insomnie, travail scolaire en chute libre, regard fuyant, tristesse, problèmes avec la nourriture.)
Prenons en compte aussi que les enfants sont très bousculés par une telle masse d’informations qu’ils ont du mal à trier, à savoir le vrai du faux. En fait, c’est là où votre parole de parent leur est si précieuse. Ils ont besoin d’être informé, rassuré et connaître le sens de la vie.
Faire confiance en ses ressources
Alors, faites confiance à votre faculté de parents, de grands parents, d’enseignants, éducateur, vos gestes, vos paroles, vos actes, vos engagements, les construisent beaucoup plus que vous ne l’imaginez.
Vous avez chacun en vous des ressources que vous pouvez consigner dans une boite à outils :
1ère ressource : un lingot
« Qu’avez-vous envie de transmettre à vos enfants » ? Quelles sont les valeurs qui tiennent à cœur ? L’importance de l’engagement, la fidélité, l’authenticité, la liberté, la générosité… Vos valeurs sont aussi précieuses qu’un lingot d’or ! . Faites un détour sur notre podcast #75 j’identifie mes valeurs
2ème ressource : un morceau de bois !
Essayer d’être des adultes cohérents entre le dire et le faire donc solide pour votre enfant à l’image de ce morceau de bois.
Plutôt difficile… Et oui, nous sommes loin d’être parfait, nous pouvons trébucher. Osons parler de nos limites. Nous vous renvoyons à notre podcast #49 je montre ma vulnérabilité
La difficulté d’être cohérent !
Combien il est difficile d’être contre le tabac quand moi-même je n’arrive pas à arrêter de fumer ! Compliqué aussi de prôner le respect des règles quand je les transgresse ! Pensez aux limites de vitesse en voiture que vous dépassez et votre enfant qui vous dit « maman, mais tu n’as pas le droit… ». Et vous de répondre « c’est pas grave, la police n’est pas là ! »
C’est aussi, en tant que mère, femme, épouse, qu’est-ce que je dis de ma condition. « C’est toujours nous qui faisons le sale boulot, on est embêtée chaque mois avec nos règles, les hommes eux ils font ce qu’ils veulent ». Sans parler des hommes qui peuvent dire : « ah les femmes, c’est bien compliqué…j’ai renoncé d’essayer de comprendre… »
Face à ce type de discours comment vos fils et filles pourront se positionner ? Auront-ils envie de devenir, homme ou femme ?
Rappelez-vous, être cohérent donne envie au jeune de grandir, le rassure.
3ème ressource : le principe de Losada
Martial Losada est un psychologue chilien. à l’université Ann Arbor au Michigan (États-Unis). Avec la psychologue Barbara Fredrickson, il a développé l’idée qu’il existe un rapport idéal entre les phrases positives et les phrases négatives échangées entre deux personnes pour que la relation entre ces deux personnes se passent bien.
Les vertus de l’encouragement
L’étude a commencé dans un cadre professionnel : 60 équipes de 8 managers différents. En fait, chaque équipe étaient reconnues pour le niveau de performance (rentabilité objective) satisfaction des clients, et appréciation des supérieurs. Pour l’étude, chaque équipe était dans une salle avec vitre sans tain. Les chercheurs observait les interactions. Toutes les prises de paroles ont été répertoriées et classées en 2 catégories. D’abord, les positives comme « bravo, belle idée, intéressant, remarque pertinente, de quoi as-tu besoin pour ton projet ». Et aussi les négatives comme « pas très malin comme idée, je ne voudrais pas être l’avocat du diable mais…, comment peut on dire une telle chose ».
Le rapport de 3 pour 1
Losada s’est aperçu que la proportion de prise de paroles positives et négatives étaient différentes en fonction des équipes. De plus, il s’est rendu compte qu’il y avait un lien entre cette proportion et la performance des équipes. Les équipes moyennes fonctionnent avec 2 paroles positives pour 1 négative. Les équipes peu performantes tombent même à 0,35/1. En résumé, Losada a identifié le rapport critique 2,9 paroles positives pour 1 négative. En dessous de ce seuil, les équipes stagnent, au dessus du ratio de 13/1 est très efficace !
Pour les couples, le ratio change !
Et pour les couples , le psychologue américain John Gottman, a découvert que :
- un ratio de 1/5 (c’est-à-dire 1 parole positive pour 5 critiques adressées au conjoint) dirige les conjoints directement vers la case « divorce » ;
- le rapport de 2,9/1 signale que le couple est dans une situation sensible et pourrait avoir besoin d’aide
- un ratio de 5/1 est le signe d’un couple harmonieux, solide et respectueux
Et pour les enfants ?
Du côté des enfants, L’écrivain Shad Helmstetter a pris le temps de compter combien de fois (approximativement…) un enfant élevé dans une famille ordinaire a entendu « non » ou « ne fais pas ceci ou cela » avant ses 18 ans : 148 000 fois !
D’autres études nous disent que les enseignants consacrent moins de 1% de leur temps à féliciter leurs élèves. Déplus, chaque enfant entendrait à l’école en moyenne 15 000 déclarations négatives chaque année,
Et vous dans quel ratio êtes vous ?
Je suis sure qu’avec l’écoute des podcasts … comme je dis 3 mercis par jour #11 ou J adopte la gratitude #20 . Les mots encourageants, les gestes, les attentions, les sourires n’ont plus de secrets pour vous !
4ème ressource : une passoire !
Votre capacité à écouter avec une passoire pour filtrer, pour aller chercher quelle est la demande implicite de votre jeune.
Alors écouter c’est quoi ? C’est être disponible pour eux gratuitement, même si leurs propos vous étonne, vous surprennent, vous choque, vous irritent. Laissez les dans la passoire !. Et puis, essayez de comprendre ce qu’il veut vous dire. Ce qui est important pour lui derrière ses mots prononcés, ses motivations, ses sources…
Ecouter et Comprendre ne veulent pas dire approuver ni excuser
En résumé, écouter est tellement plus important que les mises en garde répétées sur les risques de la vie. Nous vous proposons de retourner écouter notre podcast #28 J’apprends à écouter
10 rendez-vous pour prendre soin de son couple
C’est le pari du coffret de communication 1 temps pour 2®
5ème ressource : un agenda !
Un agenda pour créer un espace de parole !
Pensez à consacrer du temps à vos jeunes ! En réalité, essayez d’avoir un moment privilégié avec chacun d’eux. Si cet espace existe, le jour où ils rencontreront des difficultés, ils viendront vous parler. Car, ils sauront que vous pouvez être disponibles, que vous les jugerez pas, qu’ils seront accueilli pour ce qu’ils sont.
C’est dans cet idée que j’ai créé 2 minutes papa ! et 2 minutes en famille !
Tout compte fait, avez-vous ces moments privilégiés avec vos enfants ? Comme faire du sport, faire des courses, jouer, cuisiner…
De plus, ces moments privilégiés peuvent aussi être la planification d’un voyage. Mais aussi l’organisation d’un voyage. Ou encore, un bricolage !
6ème ressource : un cadre
Pensez-y, les limites structurent, rassurent. Quand vous prenez une décision, tenez-la … Par exemple, pour les heures de sortie des enfants, minuit c’est minuit ! Ou encore, le temps passé sur l’ordinateur, 1/2 heure c’est le temps ! Et pour finir, le retour prévu de chez un copain si c’est 18h, c’est 18h et non 18h30. A moins de prévenir !
Par ailleurs, c’est important de les laisser évoluer dans ce cadre. Par exemple, comment il va chez son copain, en vélo, à pied ou en bus, c’est son affaire, pas la votre ! A moins qu’il ait besoin d’une conduite ! Dans ce cas, si l’heure de récupération est 18h soyez à l’heure !
7ème ressource : un jardin
Tout ne se montre pas, ne se dit pas !
Respecter les affaires de son enfant. Comprendre et accepter qu’il ferme la porte de la salle de bain à clé. Ou encore éviter d’annoncer à la terre entière que sa fille est une femme… Finalement, ce sont des petites actions qui permettent à votre enfant d’avoir un jardin intérieur.
Or, rappelez-vous notre podcast #96 Je parle d’affectivité avec mon enfant, intimité ne veut pas dire cachette.
En réalité, les jeunes ont un immense besoin de se créer une intimité, d’où l’importance de la respecter (portable, chambre, sac à main…). Combien de jeunes expriment leur difficulté de sentir non respecté alors que l’intention du parent n’est pas forcément malveillante ! Comme par exemple, la mère par gentillesse ou pour se rassurer regarder les messages dans le cellulaire de son enfant ou fouille dans le sac à main de sa fille.
Posséder et profiter de ses ressources
Toutes ces ressources ont pour but de faire grandir la capacité de responsabilisation de l’adolescent. En réalité, c’est aussi le faire accéder à une vraie liberté, qui n’est pas la possibilité de faire ce qui lui plaît. Car il peut devenir esclave de ses pulsions. Mais c’est cette formidable capacité de s’épanouir.
En résumé
1 – Notre cerveau n’intègre pas le négatif
2- Prendre du temps pour féliciter est un atout
3- Respecter le jardin intérieur de mon enfant
4- Ecouter et créer un espace de parole
A vous de jouer !
A vous de jouer, tirez une carte de 2 minutes en famille ! et partagez du positif avec ceux qui vous entourent !