Le sentiment de compétence, c’est quoi au juste ? Parfois, je me sens complètement nulle et incapable, je suis comme un lapin pris dans les phares d’une voiture : tétanisée ou hyperagitée. C’est vrai, à la naissance de mon 1er enfant, je me suis tellement sentie incompétente… Alors qu’en fait, avec l’aide de mon chum et de ma famille, j’ai réussi à m’en sortir et à surmonter tous les imprévus et la fatigue. Un de mes amis, il m’impressionne, se fait confiance en toutes circonstances. Il déplace les montagnes, il se lance des défis incroyables. Et hop un marathon. Et hop, il monte une boite, organise des events incroyables. Il est chanceux car il est toujours soutenu par sa famille et sa femme !
Et là ça me chicotte. Y aurait-il un lien entre croire en soi et réussite ?
Différence entre sentiment de compétence et reconnaissance
La compétence est un des besoins psychologiques de base développés par la théorie de l’auto-détermination. Je vous renvoie vers notre épisode #221 sur la motivation si vous souhaitez en savoir plus.
Sentiment de compétence
Le sentiment de compétence c’est le fait de sentir que nous avons les capacités requises pour effectuer efficacement ce que nous avons à faire et que nous sommes en maîtrise. Notez bien que ce qui est important ici c’est la perception de la personne et non sa véritable aptitude à accomplir ou non les tâches.
Dans le cadre pro, une étude démontre que les travailleurs qui vivent un bien-être psychologiques le plus important rapportent avoir confiance en eux et se sentir efficaces. Ils ont confiance dans leur propre valeur comme employés à leurs postes respectives et dans cette organisation. Cela passe par :
- Le sentiment d’avoir les ressources disponibles pour accomplir ses tâches : une capacité à se concentrer dans le cas d’un apprentissage par exemple
- La motivation c’est-à-dire l’envie d’agir et de persévérer jusqu’au résultat
- La conscience d’un plan d’actions clair qui permet d’atteindre l’objectif
La reconnaissance
La reconnaissance est le fait de se sentir reconnu et apprécié dans une organisation, un groupe social, un couple, en famille pour ses contributions et sa personne. De nouveau, ici, ce qui se joue c‘est la perception que nous avons de ce que les autres pensent de nous. Les signaux faibles que nous captons comme les marques d’appréciation, les marques de confiance, la façon dont notre manager délègue ou nous laisse autonome. Ce sont autant de manières de renforcer notre sentiment d’efficacité.
Dans le monde professionnel, les salariés qui se sentent le mieux au travail rapportent qu’ils se sentent reconnus pour leur travail, leurs efforts et leurs compétences. Conséquence positive : ils se sentent appartenir à l’entreprise. Ils sentent que les autres membres du groupe croient dans les projets auxquels ils contribuent.
Sentiment d’auto-efficacité d’Albert Bandura
C’est ce qui a été démontré par le psychologue canadien Albert Bandura qui a théorisé le sentiment d’auto-efficacité à la fin des années 70. Il s’agit de – je le cite « la croyance de l‘individu en sa capacité d’organiser et d’exécuter la ligne de conduite requise pour produire les résultats souhaités ». Bandura démontre qu’en matière de succès, être motivé et avoir formellement les compétences nécessaires n’est pas suffisant. Il faut aussi avoir une certaine disposition mentale : croire que nous en sommes capables. Le sentiment d’auto-efficacité se nourrit de nos attentes remplies ou non.
Les sources de confiance en nous
Bandura distingue 4 sources différentes qui sont une aide pour réaliser nos attentes :
- S’appuyer sur nos expériences personnelles passées: Par exemple, un couple qui a failli se séparer et qui a suivi une thérapie qui leur a permis de rétablir le dialogue et de continuer leur chemin ensemble. Aujourd’hui, ils ont confiance en leur capacité à écouter les autres et à développer des solutions créatives.
- La confiance induite par notre entourage. Prenons l’exemple d’un homme qui s’est fait une blessure très grave. Pendant toute sa rééducation, sa conjointe n’a eu de cesse de lui répéter qu’il allait y arriver et qu’il courrait à nouveau. Résultat : il vient de terminer le marathon de Paris.
- L’influence des expériences dont nous sommes témoins. Si je vois une collègue timide livrer une excellente présentation orale, je m’en sens davantage capable moi aussi.
- La visualisation positive du ressenti émotionnel ou psychologique qui nous traverse lorsque nous nous projetons vers l’objectif réussi.
Selon ces 4 modalités, nous avons pu internaliser que nous étions compétents ou non pour accomplir tel ou telle chose. Les recherches d’Albert Bandura démontrent que c’est cela qui induit le succès ou l’échec. Autrement dit : une personne qui a une vision défaitiste de son propre potentiel risque de vivre plus d’échecs que celui qui s’attend à réussir.
Reconnaître les compétences à l’école
A ce propos, il est très intéressant de regarder ce qui se passe à l’école. Thérèse Bouffard est chercheuse au département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal. Elle observe que, à capacités intellectuelles et facilités naturelles égales, les enfants qui réussissent le mieux à l’école sont ceux qui y croient. Elle observe aussi qu’un élève peu doué sur le papier peut tout à fait tirer son épingle du jeu lorsqu’il croit en ses capacités.
Toujours selon ses travaux, les décrocheurs scolaires ne se révèlent pas être les élèves les moins doués. Ce sont surtout ceux qui croient le moins en eux. Le rôle de l’encadrant, du professeur ainsi que le soutien des parents sont absolument cruciaux pour renforcer la confiance en eux des enfants et étudiants. Et ceci à grand renfort de compliments, félicitations et encouragements bienveillants. Le soutien à la compétence passera aussi par l’accompagnement de l’échec qui peut être envisagé comme une opportunité d’apprendre et non comme une fin en soi.
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Les bienfaits de développer un sentiment de compétence
Le sentiment de se sentir compétent ou efficace est une grande source de bien-être.
Deci et Ryan, de la théorie de l’auto-détermination, démontrent que se sentir compétent est un ingrédient indispensable à la croissance et à l’épanouissement personnel qui nous rendent heureux. Reconnaître et mettre à profit ses compétences renforce notre sentiment d’être utile aux autres.
Par exemple, lorsque les gens partent à la retraite. Il est fréquent de constater qu’après une vie de travail, ils ressentent un grand vide qui les bouleverse profondément jusque dans leur dignité personnelle. Il n’est pas rare que certains traversent des déprimes. Cependant, ceux qui se lancent dans des missions ou des activités qui leur permettent de valoriser leurs compétences continuent de se sentir utile socialement. Ce qui est un facteur de bien-être. D’ailleurs, je recommande vivement notre coffret 1 temps pour soi Retraite.
Les compétences respectives dans un couple
Toujours dans le domaine de la compétence… J’observe combien les couples qui s’appuient sur leurs compétences respectives ont plus de facilité à naviguer dans le quotidien et à gérer les conflits insolubles.
Dans ces domaines en particulier, par exemple l’argent, la sexualité, l’éducation des enfants ou encore la belle-famille, il arrive fréquemment qu’il ne soit pas possible de se mettre d’accord, de trouver des compromis. Pour les gérer et éviter qu’ils ne viennent grignoter la relation de couple, je recommande aux couples d’accepter leurs différences respectives. De reconnaitre les forces de chacun et de s’appuyer dessus.
Par exemple, si l’un est dépensier et l’autre plus économe, comme c’est le cas dans la majorité des couples. Rappelez-vous que l’un apporte de la fantaisie au quotidien et l’autre de la sécurité par rapport à l’avenir. En vous concentrant sur les compétences de chacun, vous dépassez le conflit pour regarder ensemble votre problématique de façon plus positive et constructive. Ce qui vous permet de maintenir le dialogue et de diriger efficacement vos ressources vers une solution pérenne et win/win.
Le sentiment de compétence est un facteur d’enthousiasme et de motivation.
Comme l’ont démontré les chercheurs de la théorie de l’autodétermination, plus vous vous sentez compétent dans ce que vous souhaitez accomplir, plus vous avez envie de le faire. Un petit peu de nuance ici. Il est important d’ajuster le niveau de défi pour maintenir le sentiment de compétence. En effet, si les tâches à accomplir sont trop faciles, nous n’avons pas l’impression de nous développer et perdons notre motivation. Si à l’inverse, c’est trop dur, nous nous décourageons. Il est donc important d’ajuster progressivement le niveau de défi pour rester motivé.
Ce niveau de challenge est le plus susceptible de vous basculer dans une expérience de flux. Un état mental dans lequel l’individu est pleinement engagé dans une activité. Par essence, c‘est un état positif où nous sommes apaisés, confiants et très motivés. Je vous invite à écouter notre épisode #91 sur le sujet.
Dans notre épisode #81, nous vous avons d’ailleurs présenté la méthode WOOP de la chercheuse et psychologue allemande Gabriele Oettingen. Elle recommande d’enseigner et de visualiser les obstacles qui vont se présenter dans la réalisation d’un projet. Pour chaque obstacle, nous allons développer un plan d’actions qui vient renforcer notre sentiment de compétence et nous aide à rester motivé.
Dans le domaine scolaire ou dans le coaching sportif par exemple, les professeurs et entraineurs peuvent développer des parcours d’apprentissage et d’entraînement qui laissent à la personne un sentiment de maîtrise. Tout en ajoutant à chaque fois une petite dose de défi qui lui permet de progresser en continu. Les défis qui se présentent sont optimaux. Ni trop faciles ni trop complexes. La plupart du temps, la personne les relève avec succès, en avançant progressivement. Elle s’améliore en continu.
Le sentiment de compétence apporte aussi une force de résilience
Dans des circonstances adverses, notre sentiment d’efficacité personnelle est un bouclier protecteur qui nous garantit un certain niveau de contrôle rassurant. Lorsque nous sommes convaincus de nos compétences, nous sommes davantage capables d’accueillir les circonstances extérieures. Nous avons confiance dans notre capacité à les gérer en tirant parti de nos forces. Nous ne laissons pas les circonstances prendre la télécommande de notre bien-être. Les difficultés se présentent comme des défis que nous nous sentons capables d’affronter grâce à notre petite caisse à outils personnelle.
Nous restons ouverts à ce qui peut se présenter, nous acceptons le risque et nous ne prenons pas la fuite. Je vous renvoie vers 2 épisodes : le #186 sur les stratégies d’évitement et le #191 qui nous aide à développer d’autres stratégies que l’évitement lorsque nous avons peur.
Comment favoriser ce sentiment de compétence pour soi-même ?
Reconnaître ses forces
Vous pouvez vous référer à la liste des 24 forces de caractère humaines et universelles établie par Martin Seligman et Christopher Peterson, que nous vous présentons dans notre bulle de bonheur #24 Je reconnais mes talents.
Connaître ses forces nous offre un socle pour garder confiance en nous et maintenir notre cap. En nous sentant compétent, nous maintenons un certain sentiment de contrôle de la situation. Cela renforce la perception que nous avons de nos capacités.
C’est aussi sur cette base que nous pouvons nous appuyer pour développer des stratégies adaptées. Connaître et utiliser ses talents nous permet de nous tourner vers la recherche de solution, de déporter nos ressources vers ce qui va nous permettre d’avancer. Ce qui nous protège contre la rumination. La rumination est un sujet qui revient fréquemment, je l’ai abordé dans notre bulle de bonheur #83 J’arrête de ruminer.
Souvent, nous avons tendance à limiter nos compétences alors qu’elles sont plus vastes.
Pratiquer la gratitude
Verbalisez ou notez vos succès, regardez votre journée avec les lunettes de la confiance en soi. Qu’est-ce que j’ai été capable de faire aujourd’hui ? Quel frein ai-je desserré? Quel résultat ai-je obtenu? Débarrassez-vous du biais qui nous pousse à penser que si c’est mal fait c‘est uniquement notre responsabilité. Alors que si le résultat est bon, c’est uniquement grâce aux autres. Vous pouvez réécouter notre épisode #20 j’adopte la gratitude.
Dépasser ses croyances, ses blessures ou le sentiment de honte
Ces sentiments peuvent parfois nous traverser. Les dépasser permet de nourrir notre sentiment de compétence. Attention à notre cerveau ruminateur qui nous fait croire que nous ne sommes pas capables. Ce sont de vastes sujets que j’ai développés dans les épisodes suivants : #29 Je dépasse mes croyances, #141 Je ne peux pas plaire à tout le monde et #160 Je réussir à vaincre la honte.
Favoriser le sentiment de compétence des autres
C’est intéressant de l’apprendre car cela peut vous aider à maintenir le bien-être et la motivation de vos équipes ou de vos enfants ou nourrir votre relation de couple par exemple.
Les compliments, les félicitations, les commentaires positifs
Ils favorisent eux aussi le sentiment de compétence. Les félicitations les plus efficaces portent sur ce que la personne a accompli elle-même. Ses efforts, ses accomplissements, sans comparaison avec d’autres membres de la fratrie ou de l’équipe et sans référence à nous-mêmes. Évitons donc les « je te l’avais dit que tu étais capable » ou les « je suis heureuse que mon plan t’ait aidé ». Les enfants et les adolescents – même si ces derniers le font beaucoup moins sentir – sont très sensibles aux compliments, aux encouragements positifs et aux félicitations. Toujours dans les travaux de Thérèse Bouffard, les décrocheurs scolaires sont souvent ceux qui se sentent le moins reconnus et soutenus de façon positive par leurs proches. Alors usons et abusons-en !
Donner de la rétroaction, du feedback
Deci et Ryan s’y sont intéressés. Selon eux, un bon feedback :
- Se fonde sur une attitude attentionnée et bienveillante. Partons du postulat que la personne en face fait de son mieux à l’instant T. Je vous renvoie vers notamment notre épisode #52 Je pratique l’autorité bienveillante.
- Le bon feedback est informationnel. Les erreurs peuvent être pointées pour ce qu’elles sont cependant elles ne doivent pas mener à des critiques ou des jugements sur la personne, ses actes, son comportement.
- Les recherches de Deci et Ryan démontrent que ce feedbak est vertueux car il maintient la motivation dans le temps et pousse donc à la persévérance.
Donner des objectifs clairs, précis et atteignables
Lorsque nous sommes dans le flou, nous nous sentons moins efficaces. Rappelez-vous aussi d’ajuster le niveau de défi optimal. Préparez-vous aussi à accompagner les autres dans leurs difficultés et leurs échecs, afin qu’ils ne remettent pas en question leur confiance en eux.
En bref, si je résume, développer un sentiment de compétence
- est un fort prédicteur de succès.
- renforce notre bien-être et notre motivation.
- déconstruit nos croyances limitantes
A vous de jouer chers auditeurs, cette semaine la carte de 2 minutes ensemble vous propose de vous rappeler du dernier compliment que vous avez reçu et d’identifier la force qu’il met en valeur chez vous.
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